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    LES OISEAUX DU SOUCI

     

     

    Pluie de plumes plumes de pluie
    Celle qui vous aimait n'est plus
    Que me voulez-vous oiseaux
    Plumes de pluie pluie de plumes
    Depuis que tu n'es plus je ne sais plus
    Je ne sais plus où j'en suis
    Pluie de plumes plumes de pluie
    Je ne sais plus que faire
    Suaire de pluie pluie de suie
    Est-ce possible que jamais plus
    Plumes de suie... Allez ouste dehors hirondelles
    Quittez vos nids... Hein ? Quoi ? Ce n'est pas la saison des voyages ?...
    Je m'en moque sortez de cette chambre hirondelles du matin
    Hirondelles du soir partez... Où ? Hein ? Alors restez
    c'est moi qui m'en irai...
    Plumes de suie suie de plumes je m'en irai nulle part
    et puis un peu partout
    Restez ici oiseaux du désespoir
    Restez ici... Faites comme chez vous

     

    JACQUES PREVERT

     

     


    8 commentaires
  • Petit homme jovial et génial, Henri Beyle, déçu qu'on ne lise point ses romans signés Stendhal, se console en prédisant qu'on le lira au XXe siècle. Il ne se trompe pas.l

    LA CHARTREUSE DE PARME

    Sans doute n'avez vous jamais imaginé qu'on puisse écrire un roman de la façon qui va vous être rapportée ci dessous ... Et pourtant c'est vrai .

    4 Novembre 1838. Une brume grise couvre Paris. Dans la rue Caumartin près de la Madeleine, un homme qui porte sous son bras un gros paquet ficelé presse le pas. Il s'arrête devant le numéro 8, pousse la porte, emprunte un escalier qui le conduit à l'étage. Il monte lentement, dépose son fardeau, s'éponge le front. Sans frapper, il entre dans un appartement, appelle " Monsieur ? " ; dans la pièce voisine, la voix qui répond est haut perchée, alerte,presque allègre, enjouée, les mots qui en sortent paraissent de petits ressorts échappés d'une mécanique généreuse, capable de mettre en route les engrenages du monde: Entrez, tout est prêt, je suis prêt.... Commençons! l'homme entre. En face de lui: Henri Beyle, qui depuis 1817 a choisi de porter le nom d'une ville allemande : Stendhal

    Vous n'avez rien vu encore ! même si vous êtes surpris de rencontrer ce Stendhal court sur jambes, bedonnant, le crâne vaguement dégarni mais rehaussé d'un drôle de toupet postiche aussi noir que ses cheveux teints, ce qui se prépare va vous laisser sans voix! l'homme qui tout à l'heure marchait dans la rue vient de poser sur une petite table le paquet qu'il transportait. Il en défait le ficelage: des feuilles, des centaines de feuilles de papier apparaissent... Il s'assied.. Stendhal tourne en rond, à petits pas, s'arrête, colle son nez à la vitre...  L'homme, son secretaire, vient de tremper la plume dans l'encrier, tout est prêt ... Stendhal lui dicte : chapitre premier, écrivez : Milan en 1797 , le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de  cette jeune armée ..... Tous les jours pendant cinquante deux jours Stendhal, gesticulant, emporté, songeur, silencieux, exalté, suant , soufflant infatigable et rayonnant, dicte son roman à mesure qu'il naît dans son imagination!! oui il dicte à son secrétaire pendant 52 jours La Chartreuse de Parme...Texte qu'il crée à mesure qu'il parle....

    Quelle lucidité, quelle justesse dans tout ce qu'écrit Stendhal à propos de ce qu'il voit, de ce qu'il lit... Le romantisme l'irrite et il le dit sans détour..

    STENDHAL ET LES FEMMES

    Stendhal et les femmes, c'est une histoire en cent épisodes, qui ne révèle jamais son petit mystère, même si on ne peut s'interdire de supposer certaines choses écrites par Stendhal lui même, dans ses romans autobiographiques..  Henri Beyle, dit Stendhal , qui a utilisé des dizaines d'autres pseudonymes dans son premier roman" Armance" décrivait une peinture sans concession du monde la Restauration...  

    Stendhal  n'est- il pas victime d'un fâcheux inconvénient mécanique ? Une petite gêne qui conduit un homme à se regarder le nombril, et même un peu plus bas, tout penaud, tout contrit et ratatiné , en presence de la dame de ses pensées ? Et cela juste au moment ou les pensées désertent pour passer à d'autres occupations ?  bref, n êtes vous pas atteint de l'impuissance sexuelle que vous prêtez si souvent à vos personnages ?

    TU ES VIEUX ET LAID,MAIS JE T'AIME;;

    N'en fut-il pas ainsi dans votre vie, cher Henri, avec vos maîtresses par dizaines ? Melanie Guilbert, Angeline Bereyter,(cantatrice à l'opera) Angela Pietragrua  - Mathilde,la comtesse Clementine que vous appelez Menti et qui vous cacha trois jours dans sa cave ? Giulia Rinieri qui vous dit " je sais bien que tu es vieux et laid, mais je t'aime" ... Elle se marie trois ans plus tard, pas avec  Stendhal...  mais la liaison continue ... dix ans plus tard survient votre ultime maîtresse, en 1843 , la mort..

    STENDHAL EN PENSEES :

     

    - On ne se console pas des chagrins, on s'en distrait..

    - la beauté n'est que la promesse du bonheur...

    - Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route


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