• L'oiseau poème

    L'oiseau

     

    Un oiseau siffle dans les branches
    Et sautille gai, plein d’espoir,
    Sur les herbes, de givre blanches,
    En bottes jaunes, en frac noir.

     

    C’est un merle, chanteur crédule,
    Ignorant du calendrier,
    Qui rêve soleil, et module
    L’hymne d’avril en février.

     

    Pourtant il vente, il pleut à verse ;
    L’Arve jaunit le Rhône bleu,
    Et le salon, tendu de perse,
    Tient tous ses hôtes près du feu.

     

    Les monts sur l’épaule ont l’hermine,
    Comme des magistrats siégeant.
    Leur blanc tribunal examine
    Un cas d’hiver se prolongeant.

     

    Lustrant son aile qu’il essuie,
    L’oiseau persiste en sa chanson,
    Malgré neige, brouillard et pluie,
    Il croit à la jeune saison.

     

    Il gronde l’aube paresseuse
    De rester au lit si longtemps
    Et, gourmandant la fleur frileuse,
    Met en demeure le printemps.

     

    Il voit le jour derrière l’ombre,
    Tel un croyant, dans le saint lieu,
    L’autel désert, sous la nef sombre,
    Avec sa foi voit toujours Dieu.

     

    A la nature il se confie,
    Car son instinct pressent la loi.
    Qui rit de ta philosophie,
    Beau merle, est moins sage que toi !

     

     

    Théophile Gautier.

     


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  •  

    Pourquoi on aime tellement regarder le soleil qui se couche ?
    Sur un lac doré, derrière une montagne rose
    Ou sur une plage déserte un soir d’été
    Cette boule de feu plongeant doucement dans la mer lointaine

    Le soleil qui se lève, c’est l’expectation, le début
    Mais les débuts sont vides, nous les comprenons
    Les débuts sont là pour donner du sens aux fins

    Nous sommes toujours fascinés par les fins
    Même si ce ne sont que des fausses fins
    Comme la fin d’un voyage ou d’un film
    On sait bien qu’à la fin d’un film, l’histoire continue après
    Il faut juste l’écrire

    Le soleil qui se couche doucement un soir d’été
    Nous ramène chaque fois vers cette fascination de la fin
    La fin de la journée ou la fin sans fin ?

    Regarder le soleil qui se couche nous aide à mieux comprendre
    Que nous ne comprenons rien de la fin, car la fin c’est la fin
    Et à la fin, il n’y a rien

    Jules Delavigne, Conclusions, 2008

    REFLEXION


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  • L'Hiver

     

    C’est l’hiver sans parfum ni chants.
    Dans le pré, les brins de verdure
    Percent de leurs jets fléchissants
    La neige étincelante et dure.

     

    Quelques buissons gardent encor
    Des feuilles jaunes et cassantes
    Que le vent âpre et rude mord
    Comme font les chèvres grimpantes.

     

    Et les arbres silencieux
    Que toute cette neige isole
    Ont cessé de se faire entre eux
    Leurs confidences bénévoles.

     

    Bois feuillus qui, pendant l’été,
    Au chaud des feuilles cotonneuses
    Avez connu les voluptés
    Et les cris des huppes chanteuses,

     

    Vous qui, dans la douce saison,
    Respiriez la senteur des gommes,
    Vous frissonnez à l’horizon
    Avec des gestes qu’ont les hommes.

     

    Vous êtes las, vous êtes nus,
    Plus rien dans l’air ne vous protège,
    Et vos coeurs tendres ou chenus
    Se désespèrent sur la neige.

     

    Et près de vous, frère orgueilleux,
    Le sapin où le soleil brille
    Balance les fruits écailleux
    Qui luisent entre ses aiguilles

     

    Anna de Noailles.

     

     


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  • Les fleurs

     

     

     

    Jetant leur fantaisie exquise de couleurs
    A l'étalage des fleuristes
    Elles sont tour à tour ou joyeuses ou tristes,
    Les fleurs !

    Joyeuses, elles vont porter les mots frôleurs
    A l'oreille des biens aimées,
    Disant : bonheur, espoir, ivresses enflammées,
    Les fleurs !

    Tristes, elles s'en vont mourir, vagues pâleurs,
    Dans la nuit des tombes glacées,
    Disant : désespoirs, deuils, soupirs, âmes blessées,
    Les fleurs !

    Joyeuses, elles vont, par groupes enjôleurs,
    Briller en nos têtes frivoles,
    Disant : luxe, plaisir, insouciances folles,
    Les fleurs !

    Tristes, avec novembre, elles viennent en pleurs,
    Dire les chers anniversaires,
    Les souvenirs aimés et les regrets sincères
    Les fleurs !

    Ainsi, s'associant aux gaîtés, aux douleurs,
    Selon que le veut notre envie,
    Elles sont nos témoins et nos sœurs dans la vie,
    Les fleurs !

    Jacques Clary Jean Normandles  

     


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