Elle semble d’abord de ses pas plein d’esprit, effacer de la terre toute fatigue et toute sottise
.Et voici qu’elle se fait une demeure un peu au dessus des choses, et l’on dirait qu’elle s’arrange un nid dans ses bras blancs.
Mais à présent, ne croirait-on pas qu’elle se tisse de ses pieds un tapis indéfinissable de sensations? Elle croise, elle décroise, elle trame la terre avec la durée. Ô le charmant ouvrage, le travail très précieux de ses orteils intelligents qui attaquent, qui esquivent, qui nouent et qui dénouent, qui se pourchassent, qui s’envolent ! Qu’ils sont habiles, qu’ils sont vis, ces purs ouvriers des délices du temps perdu!!! ces deux pieds babillent entre eux, et se querellent comme des colombes! le meme point du sol les fait se disputer comme pour un grain.. Ils s’emportent ensemble et se choquent dans l’aire, encore ………..
Paul Valery » L »âme et la danse »