• EN ECOUTANT LES OISEAUX

     

    EN ECOUTANT LES OISEAUX

    Victor Hugo

     

    Oh! quand donc aurez vous fini, petits oiseaux,

    De jaser au milieu des branches et des eaux,

    Que nous nous expliquions et que je vous querelle ?

    Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle,

    Oiseaux, je vous entends, je vous connais.

    Sachez que je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés,

    De votre mélodie et de votre langage.

    Celle que j'aime est loin et pense à moi : je gage

    ô rossignol dont l'hymne, exquis et gracieux,

    Donne un frémissement à l'astre dans les cieux,

    Que ce que tu dis là, c'est le chant de son âme.

    Vous guettez les soupirs de l'homme et de la femme,

    Oiseaux, quand nous aimons  et quand nous triomphons;

    Quand notre être, tout bas, s'exhale en chants profonds,

    Vous, attentifs, parmi les bois inaccessibles,

    Vous saisissez au vol ces strophes invisibles,

    Et vous les répétez tout haut, comme de vous :

    Et vous mêlez, pour rendre encor l'hymne plus doux,

    A la chanson des coeurs, le battement des ailes,

    Si bien qu'on vous admire, écouteurs infidèles,

    Et que le noir sapin murmure aux vieux tilleuls :

    " Sont-ils charmants d'avoir trouvé cela tout seuls!"

    Et que l'eau, palpitant sous le chant qui l'éffleure,

    Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure ,

    Et que le dur tronc d'arbre a des airs attendris,

    Et que l'épervier rêve , oubliant les perdrix ,

    Et que les loups s'en vont songer auprès des louves!

    " Divin" dit le hibou, le moineau dit " Tu trouves?"

    Amour, lorsqu'en nos coeurs tu te refugias,

    L'oiseau vint y puiser : ce sont ces plagiats,

    Ces chants qu'un rossignol, belles, prend sur vos bouches

    Qui font que les grands bois courbent leurs fronts farouches

    Et que les lourds rochers, stupides et ravis,

    Se penchent, les laissant piller le chènevis,

    Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges,

    La langue des oiseaux de la langue des anges.

     

    LES-OISEAUX.jpg


  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Janvier 2013 à 18:04
    cronin

    Bonsoir Sylvie,

    Très belle poésie de Victor Hugo, moi qui aime tant les oiseaux, le langage des oiseaux...unique...en soi, leur mélodie qui fait chanter la vie ! Ta photographie est sublime ! Que du bonheur Sylvie, chez moi, ils sifflent ! Je pourrais rester des heures à les contempler !! Mais bien des obligations m'appellent ailleurs...prendre le temps de les observer...un pur moment de bonheur ! Savoir écouter "la musique" au coeur de la vie ! Bisous, et merci. La neige à fondu chez moi, et les températures ont baissé, mais il fait encore froid...à bientôt Sylvie, prends soin de toi. Bisous, Corinne (Cronin)

    2
    Samedi 26 Janvier 2013 à 00:11
    Sylvie

    c'est tout à fait cela  ( les contemplations) ...  J'ai appris aussi " Les Pauvres gens" ........ et les poèsies " demain dès l'aube " etc ...Un vrai plaisir de lire et relire ce poète qu'est V.H  Bon we à toi Hugues! bisous

    3
    sirach
    Samedi 21 Septembre 2013 à 21:23
    sirach

    Quel génie ! Je ne me souvenais plus de l'avoir lu... Dans le doute, j'ai retiré des rayons de ma bibli. poésies et essais, et c'est dans le tome IV, (les contemplations) que je l'ai retrouvé. A Paris, en une semaine, j'avais appris par coeur les 256 vers que comprend le poème: LES PAUVRES  GENS.                                                                Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close.                                                          Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose etc etc Bisous. Hugues

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