• Rares poèmes, rares cadences, précieuses rimes, joyaux! les poèmes de Nerval confinent au mystère.. Sans rien proposer qui le résolve, ils le densifient, voilà le charme .

     

     

     

    Nerval ne s’appelle pas Nerval. Le nom de son père est Labrunie, celui de sa mère Laurent. Son père, chirurgien, rejoint la Grande Armée de Napoléon en 1808. Avant de partir, Marie son épouse, met au monde un fils immédiatement confié à un grand oncle aubergiste.  En 1810 Marie meurt; le docteur Labrunie conserve ses bijoux , son portrait, mais quand il revient près dee son fils, en 1814, tous ses objets personnels ont disparu dans la retraite de Russie. Gérard de Nerval ne verra jamais le visage de sa mère. Jamais, en lui, l’identité de la femme n’est apparue. Sa vie entière est une quête désespérée, souvent désordonnée, d’une image féminine qui se dérobe, inaccessible…

     

     

     

    Au lycée Charlemagne  Nerval rencontre Théophile Gautier qui devient l’ami fidèle.Il fait des études de médecine. En 1834 , il hérite de son grand père, voyage en Italie, s’installe à Paris, dans un petit hotel où il reçoit ses amis pour de joyeux soupers, des bals, des fêtes costumées, où la représentation de comédies des temps passés.. Le bonheur. Pas pour longtemps.

     

     

     

    Aux amis qui viennent se divertir dans son hôtel particulier, se mêle une amie. Gérard en tombe amoureux. Elle s’appelle Jenny Colon, elle est comédienne. Pour elle,il utilise le reste de son héritage afin de fonder un périodique : le Monde dramatique qui le ruine.  Il vit de l’écriture d’articles pour divers journaux, ne cesse d’envoyer des lettres enflammées à Jenny qui les lit, se laisse attendrir, hésite à répondre à cet amour extrême et finit par épouser un flûtiste en 1838. Est ce cette année là que se lézarde la pensée de Gérard de Nerval  , que le présent et le passé commencent à  s’y confondre, comme l’amorse d’un exil de la raison ? Rien  ou presque n’inquiète ses proches, jusqu’au jour terrible de février 1841  ou la folie    se cabre en son esprit, comme un cheval fou.

     

     

     

    Lorsqu’il revient à la raison, il apprend la mort de Jenny Colon. Il décide de partir en Orient, visite les îles grecques, l’Egypte, le Liban.. Le nom de Jenny ne le quitte pas.

     

     

     

    Articles pour les journaux, composition de livrets d’opéra, rédaction de son  voyage en Orient, et d’autres voyages – Hollande, Angleterre, Allemagne- Belgique – occupent la vie de Nerval. Ses premières oeuvres poétiques et sa traduction de Faust sont bien loin..    

     

     

     

    Plusieurs fois interné dans la clinique du docteur Blanche, Nerval écrit sa dernière oeuvre, Aurélia, effectue un voyage en Allemagne, peut être jusqu’en Silésie où il tente de retrouver la tombe de sa mère. Le 25 janvier 1855    il écrit à sa   tante qui l’héberge :  » ne m’attends pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche.    Cette nuit là, la température descend à dix huit degrés au dessous de zéro! le lendemain matin, il est retrouvé près du Chatelet à Paris, pendu à une grille dans la rue de la Vielle Lanterne. Que s’est-il passé ? Peut être lui a t-on fermé la porte d’un asile pour vagabonds ?…

     

      Peut être l’a -t-on attaque? L’ agression s’est t-elle transformée en suicide ?  Peut être est ce un accident? Ou bien, au delà de la mort, un signe intemporel…. Paradoxale présence.

     

    Sa poésie, porte ouverte sur la vie des rêves, annonce la poésie moderne et l’insatiable appétit de liberté des surréalistes.

     

     

     

     

     

     

     

    NERVAL EN PENSEES :

     

     

     

    - ô mort, où est ta victoire ?

     

     

     

    - La mélancoloie  est une chose qui consiste à voir les choses comme elles sont.

     

     

     

    - L’ignorance ne s’apprend pas.

     

     

     

    - Que de gens que l’on croit heureux et qui sont au désespoir.

     

     

     

    - Le dernier mot de la liberté, c’est l’égoïsme.

     

     

     

    -  Mon pauvre oncle disait  » il faut toujours tourner sept fois sa langue dans sa langue    avant de parler .. Que devrait-on faire avant d’écrire ? .

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    UNE FEMME  EST L’AMOUR

     

     

     

    FACE A LA MER3

     

     

     

    Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ;

     

    Aux enfants  qu’elle guide, à l’homme consolé,

     

    Elle élève le coeur et calme la  souffrance,

     

    Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

     

     

     

    Courbé  par le travail ou par la destinée,

     

    L’homme à sa voix s’élève et son  front s’éclaircit ;

     

    Toujours impatient dans sa course bornée,

     

    Un  sourire le dompte et son coeur s’adoucit.

     

     

     

    Dans ce siècle de fer  la gloire est incertaine :

     

    Bien longtemps à l’attendre il faut se  résigner.

     

    Mais qui n’aimerait pas, dans sa grâce sereine,

     

    La  beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?

     

     

     

    GERARD DE NERVAL

     


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  • J’ai mis tout mon génie dans ma vie ,je n’ai mis que mon talent dans mon oeuvre…Confidence d’Oscar Wilde à André Gide (1891)

     

     

     

     » Les enfants commencent par aimer leurs parents, en grandissant, ils les jugent,quelquefois ils leur pardonnent » ….. Oscar Wilde…

     

     

     

    Oscar Wilde est né à Dublin en 1854. Il est le fils d’un chirurgien irlandais de réputation internationale, sa mère Jane Francesca Elgée est une femme pleine de ferveur nationaliste, qui, dans les années 1840 soutient la cause irlandaise face à l’Angleterre.

     

     

     

    Après des études classiques au Trinity Collège à Dublin , où déjà il fait preuve d’une forte personnalité et se distingue des autres étudiants. Oscar Wilde est admis à l’Université d’Oxford. Il a notamment comme professeur John Ruskin  l’un des porte paroles d’un mouvement culturel qui estime que l’art ne doit être que la recherche du Beau, sans aucune préoccupation morale ou sociale.

     

     

     

    Oscar Wilde est un élève brillant et distingué, il a des cheveux longs, , il orne les boutonnières de ses costumes d’un lys ou d’un chrysanthème.

     

     

     

    Esprit subtil et excentrique, dandy d’une rare élégance,s a célébrité est grande dans les milieux culturels et aristocratiques londoniens qui accueillent avec ravissement ses premiers poèmes. Il devient très vite l’un des théoriciens de  » l’art pour l’art » et le  » chef des esthètes » , il est invité à donner une série de conférences aux Etats Unis sur l’esthétisme. De retour en Europe, il s’installe à Paris où il écrit deux pièces de théatre   » Duchesse de Padoue »   » Vera ou les nihilistes ».

     

     

     

    Il rencontre les principaux écrivains français de l’époque : Verlaine, Mallarmé, Zola, Hugo. De retour à Londres,il épouse l’une de ses admiratrices Constance Leroy. Ils auront deux enfants. Rédacteur en chef du magazine  » The woman’s »  » World »   il montre ses talents de pamphlétaire et son art du paradoxe. Il s’engage à défendre également la cause féministe. Pour ses enfants, il organise des bals costumés et écrit des contes . Il publie également des nouvelles, un essai..Ce roman lui vaut une très grande notoriété, mais le public anglais lui reproche l’immoralité de certains personnages.

     

     

     

    En 1895 Oscar Wilde décide de porter plainte en diffamation contre le marquis de Queensberry, le père d’Alfred Douglas, son amant, ce qui tourne mal. Finalement c’est le Marquis qui porte plainte devant les tribunaux accusant Wilde de pervertir son fils… Oscar Wilde est condamné pour délit d »homosexualité à deux ans de travaux forcés, il purgera cette peine dans la très répressive prison de Readlig sud de l’Angleterre..

     

     

     

    Il sort de prison le 19 mai 1897 et s’exile en France près de Dieppe. C’est un homme brisé et ruiné. Il prend pour pseudonyme le nom de Sebastian Melmoth. Il publie en 1898  » La ballade de la géole » de Reading,  un témoignage émouvant sur sa douleur de prisonnier.

     

     

     

     

    Il meurt à Paris en 1900 de misère et de solitude.

     

    OSCAR WILDE


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  • GUY DE MAUPASSANT .

    1868 - C'est l'été -. L'air est doux, Guy de Maupassant, 18 ans se promene en ville. Dans la matinée, il a quitté la villa ou sa mère a trouvé refuge,fuyant un mari déséquilibré, violent. Pourtant Gustave MAUPASSANT était fou amoureux d' elle au temps si proche encore de leur jeunesse. Il avait demandé cette jeune fille en mariage, et Laure lui avait répondu " je vous épouserai à la condition que vous vous trouviez un particule" Gustave le trouva en même temps qu'un château, juste avant la naissance de celui dont dont Laura sait qu'il deviendra un génie : Guy;

    Guy de Maupassant se promene dans Etretat. Il est midi , dans sa poche une feuille de papier pliée en quatre, , un poème y est calligraphié, un poème d'amour. La jeune fille, parisienne , élégante et superbe est surprise,elle rougit, prend le papier, le lit, mais ne dit rien Guy part .Guy n'est pas encore rentré chez lui, il flâne sur le port,en pensant à son amie, lorsqu' il voit cinq ou six jeunes hommes entourant une jeune fille ,en train de lire un texte,en riant!!ce texte que Guy connaît par coeur , elle se moque de sa lettre ... Il est foudroyé : la femme...un mensonge, hypocrite, Guy va désormais transformer toutes les femmes qu'il rencontrera en objets de consommation sans aucun scrupule.

    Après avoir obtenu brillamment son baccalauréat , après s'etre engagé lors de la guerre de 18970, Maupassant devient fonctionnaire au ministre de la marine, puis de l'instruction publique,c'est un employé de bureau peu assidu, dont la grande afffaire demeure l'écriture. Il se croit destiné à la poésie, le grand ami de sa mère, Gustave Flaubert, le prend sous son aile, corrige ses vers, lui apprend la pratique du réalisme en écriture.Il lui présente Daudet, Huysmans, et surtout Emile Zola.  Celui ci lui demande d' écrire une nouvelle , en quelques elle est écrite, son titre " Boule de suif ; c'est le début d'une série de chefs-d'oeuvre de précision, de concision et de style, le debut de 10 années acharné avant la fin .

    De trente à quarante ans, Maupassant va écrire sans relâche,nouvelles,romans, poursuivi par les souffrances de la syphilis qui ne lui laisse guère de répit. Après avoir publié un recueil de ses poésies,il commence à répondre aux commandes des journaux qui publient des contes et des nouvelles. En dix ans il en écrit presque trois cents, avec ses essais, ses romans. Maupassant acquiert une fulgurante célébrité considérable, sa fortune est la plus importante de l'époque dans le monde littéraire. généreux, il en redistribue une partie à sa mère, dépensière hors mesure, à son frère qui ne trouve pas d'emploi, à ses amis, à ses maîtresses.

    Maupassant fuit les lieux à la mode ou on le demande, les salons,Il aime la solitude, le canotage. Et lorsqu'il n'est pas seul, on le trouve en galantes compagnies, au pluriel. En ces occasions, il aime prouver que sa puissance n'est pas liée à la seule extrémité de sa plume.

    Le grand drame de Maupassant, celui qui va gâcher une partie de son existence et nous priver de nouveaux contes et des romans qu'il se préparait à écrire, ce drame serait de nos jours soigné en une ou deux semaines. Une ordonnance banale prescrirait deux gélules matin et soir , d'un dérivé de la pénicilline. Personne s'apercevrait quel a plus terrible maladie vénérienne est passée par là...celle qui a tué Baudelaire, Flaubert, Daudet et tant d'autres..La syphilis!

    La réalité de cette cruelle maladie est tragique: elle peut foudroyer en quelques semaines, ou bien s'endormir et se réveiller sans prévenir,rendant aveugle ou aphasique, ou fou, ou tout cela à la fois.  Pour Maupassant qui l'attrape à 27 ans, la vérole va prendre son temps, lui infliger d'atroces migraines qu'il soigne à l'éther, paralyser l'un de ses yeux,provoquer des hallucinations, le martyriser jusqu'en 1892 ou il perd la raison apres avoir tenté de se suicider. Soigné dans la maison de santé du docteur Blanch qui a déjà tenté de soulager Nerval, il meurt le 6 juillet 1893. Sa tombe se trouve au cimetière Montparnasse, à Paris  

     


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  • Lit-on encore George Sand aujourd'hui ? Sans doute,il faut l'espérer,car ce qu'elle a écrit est plein de charme des champs, du chant des petits oiseaux et de bons sentiments. Évidemment, l'âpreté du quotidien, celle qui dépose au fond des mains des paysans le cal rugueux et dans leurs bras l'exténuation des journées n n'est point exprimée. Le réalisme est obligé de faire ses choix...

    Elle a beaucoup écrit, George Sand! et cela ne plaît pas  à tout le monde, à Jules Renard, par exemple.

    Ah Jules Renard !!vous croyiez qu'on ne vous avait pas vu écrire ce petit papier que vous voulez passer en douce à la postérité ? Et qu'y lit-on ? Une méchanceté, une de ces pointes que vous savez si bien empoisonner!! au piquet, Jules Renard.... Comment avez vous pu écrire ceci à propos de George Sand " C'est la vache bretonne de la littérature"!! certes, elle a beaucoup écrit, elle était capable de vous boucler un roman en trois jours et trois nuit  quitte à le corriger ensuite pendant trois mois!!! jaloux  Jules ?

     Soixante dix sept romans, dix huit pièces de théâtre, vingt six volumes de correspondance, des écrits politiques, critiques, autobiographique .... Que reste il ? Une trilogie de romans champêtre qui assurent à eux seuls aujourd'hui la gloire de George Sand...Trilogie champêtre:La mare au diable - La Petite Fadette - François le Champi...

    Une maîtresse femme:  Sandeau, Musset , Pagello, Mérimée, Chopin et tant d'autres... une belle galerie que la bonne dame de Nohant eut pu transformer en passionnants portraits, tout en détails, de pied en cap... Aujourd'hui encore, elle aurait un succès fou..

    Évidemment tout le monde sait que George Sand n'a pas mené la vie tranquille de la Madeleine ... Tout le monde a entendu parler de ses liaisons avec des hommes ou des femmes qui ont tant scandalisé le bourgeois de la Monarchie de Juillet.. Il y'eut Casimir , qu'elle épouse à 18 ans,de ce mariage sans amour naissent deux enfants... Il  y'eut Jules Sandeau dont elle fait son amant ,elle a 26 , lui 19... ils publient ensemble plusieurs livres. C'est l'époque ou elle défraie la chronique avec l'actrice Marie Dorval- leur liaison fait sortir Vigny de ses gonds..

    En 1833 elle fait la connaissance d'A.De Musset! leurs amours sont mouvementées.. Elle même raconte le séjour qu'ils effectue à Florence puis à Venise où une dysenterie la poursuit,gâchant la relation avec son amant,bientôt aussi malade qu'elle. Ce voyage à Venise ressemble au pire des cauchemars.. George se console des infidélités d'Alfred dans les bras du docteur Pagello.

    De retour en France , voici qu'entre en scène celui que George appelle Chip-Chip! Qui donc ? Frédéric Chopin,lui même!! il est naturel que George, descendante du roi de Pologne soit sensible à l'exilé Chopin.. Elle prend grand soin de son Chip chip aux magnifiques yeux bleus, aux si belles mains, à son mètre cinquante cinq! grand compositeur de petite taille, Chopin va demeurer dans le coeur de George jusqu'à cette dernière lettre qu'elle lui a écrit  le 28 juillet 1847: " Adieu mon ami".. Chopin meurt le 17 octobre 1849, son coeur tout imprégné de George....

    Après Chopin, George devient sage, fait de son secrétaire, le graveur Manceau, son amant, vit le plus souvent à Nohant ... Elle y accueille ses amis, divertit les enfants avec son théâtre de marionnettes -fabriquées par son fils Maurice- se construit cette image de bonne dame de Nohant, écrit sans relâche, et meurt le 8 juin 1876 d'une occlusion intestinale , à soixante douze ans. Flaubert, Alexandre Dumas fils, le prince Napoléon et toute la région environnante la conduisent à la derniere demeure qu'elle a choisie :; le parc de ce qu'elle appelait sa modeste demeure, le château de Nohant.. Le lendemain de sa mort, Victor Hugo écrivait "  je pleure une morte, je salue  une immortelle "

      

    GEORGE SAND/ALFRED DE MUSSET


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  • Harar le 10 novembre 1890

    "Ma chère maman, j'ai bien reçu ta lettre du 29 septembre1890 . En parlant de mariage, j'ai toujours voulu dire que j'entendais rester libre de voyager, de vivre  l'étranger et même de continuer à vivre en Afrique..  Je suis tellement déshabitué du climat d'Europe, que je m'y remettrai difficilement . Monsieur Tian  est un commerçant très honorable, établi depuis trente ans à Aden  et je suis son associé dans cette partie de l'Afrique ( Harar en Ethiopie)... La moitié des bénéfices est à moi! Personne à Aden ne peut dire  du mal de moi. Au contraire, je suis connu en bien de tous, dans ce pays, depuis dix années."



    Cette lettre est signée d'un homme qui, dans sa trente sixième année ,semble heureux de son sort : ses affaires sont prospères, il gagne de l'argent, sa réputation est irréprochable.



    Son nom ? Rimbaud!  Rimbaud Arthur qui meurt un an plus tard exactement le 10novembre1891, amputé de la jambe droite à l'hôpital de la  Conception à Marseille, victime d'une syphilis tenace.

     

     

    A Paris, cette année là , on s'arrache les oeuvres de Rimbaud, qui , 20 ans plus tôt, scandalisait la capitale- fuguant à  dix sept ans avec Paul Verlaine vers la Belgique-  séjournant avec lui en Angleterre avant un retour à Bruxelles - ,qui échoue dans le fait divers   au terme de douze mois agités.,.

     

      Le 10 juillet 1873 Verlaine tire un coup de pistolet sur Rimbaud qui veut rompre leur relation. La  balle ne rate pas sa cible: elle tue le poète, l'homme lui, va survivre!  On retrouve donc Rimbaud à Stuggart, où, cynique, désabusé, il reverra une dernière fois Verlaine sorti de prison, le  14 février 1875.

     

    Vienne, Java, l'Irlande, la Suede, Hambourg, la ferme familiale de Roche, près de Charleville, tout l'été 1878 il travaille aux moissons.

     

    Gênes, Chypre, Roche de nouveau,été 1879, Aden au Yemen, Harar en Ethiopie.... Commerce de café, trafic d'armes ....

     

    Rimbaud le poète? De sa quinzième à sa vingtième année, il n'est plus qu'un laboratoire du langage en effervescence, en errance, presque en folie! le vocabulaire y est pris de vertige, se fait des frayeurs qu'il se raconte affolé, haletant  et tout cela fascine le lecteur habitué au train train du vers  trottinant à petits pas sur ses petits pieds.

    On a cru à la naissance d'un soleil, c'était un feu d'artifice... Tant mieux pour la poésie: le mystère des étoiles demeure.
      

     

    Le dormeur du val

    C'est un trou de verdure où chante une rivière,
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
    Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
    Nature, berce-le chaudement : il a froid.

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit;

    ARTHUR RIMBAUD

     


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