• Un styliste! voilà ce que Louis Ferdinand Destouches, dit Celine, désirait que les générations futures retinssent de lui. Lorsque vous aurez lu  le Voyage au bout de la nuit, v ous déciderez..

     

    Louis Ferdinand Destouches, né le 27 Mai 1894 à Courbevoie,  a grandi dans une boutique de dentellerie , passage  Choiseul à Paris,  qui s'était engagé  en 1912  pendant trois ans dans la cavalerie, qui, a 20 ans , marchait au pas  jusqu'aux tranchées, Louis qui  s'est blessé près d'Yprès, qui a été démobilisé en 1915, qui a séjourné au Cameroun pour une compagnie forestiere , qui est devenue conférencier à la mission Rockefeller .....Mais qu'est ce qui vous a pris Louis ?

     

    Qu'est ce qui vous a pris Louis Frdinand Celine, vous qui reprenez vos études en 1919, devenez médecin en 1923, soutenez votre thèse de doctorat sur la vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis, chirurgien hongrois du XIXe siècle persécuté par ses collègues parce qu'il veut les faire se laver les mains avant d'opérer, vous qui voyagez aux Etats Unis , au Canada, avant d'ouvrir un cabinet à Clichy, de l'abandonner pour un dispensaire où vous luttez contre l'ennui en commençant à écrire, vous qui publiez, en 1932 " Voyage au bout de la nuit" chez Denoel, qui ratez de deux voix le Goncourt,   obtenez le Renaudot, vous qui jetez à la face des besogneux de la plume  - des vacanceux- comme vous dites - ce roman ( le voyage) qui braille de partout comme une révolution de grognons, avec des lignes en slogans qui parlent à tout le monde, un livre qui met en rage parce qu'il marche dans la rue tout seul, les  mains dans les poches, en sifflotant....

     

    Voyage au bout de la nuit, un livre qui rend jaloux- ou qui fascine, comme Aragon et Triolet  qui le traduisent en russe  Louis-Ferdinand Celine, vous qui poursuivez dans votre enfance votre balade pleine de rancoeurs en publiant " mort à crédit", vous y faites pleuvoir  sur vos lignes - innovation stylistique-  mille et mille points de suspensions, bientôt mélés aux points d'exclamation - de sorte que, dans vos dernières oeuvres, l'on croira que vous écrivez une sorte de morse ! Mais qu'est ce qui vous a pris de publier en 1938  " Bagatelles pour un massacre"? Pourquoi ? Non Louis Ferdinand Celine, non !! votre antisémitisme éructant, votre fureur, votre folie, c'est - pour qui aime votre "voyage au bout de la nuit"  un coup de poignard dans le dos, en traître , et de l'effroi, de la terreur. Pas de pitié...

     

    Vous fuyez en 1944 à Sigmaringen: vous êtes incarcéré à Copenhague. Vous rentrez en France en 1956, vous ouvrez un cabinet à Meudon. Votre compagne, Lucette Almanzor, donne des cours de danse au premier étage de votre maison. Vous ne monterez jamais  jusqu'à ce premier étage, jamais. Vous aviez quelque chose d'étrange Louis Ferdinand Céline, si délabré dans vos dernières années... Vous êtes mort à Meudon le premier juillet 1961


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  • Bonne et heureuse année à tous .... Que 2011 soit une année de joie, et de bonheur pour tous...

     

    Allez! on  redémarre la " saison" avec de la littérature ! aujourd'hui , thème abordé : Pascal

     

     

    Savant et écrivain français, Blaise Pascal naît le le 19 juin 1923 à Clermont-Ferrand où son père Etienne est administrateur des Finances. Veuf en 1626, Etienne Pascal , érudit passionné de mathématiques et de physique, ne se remarie as afin de se consacrer à l'éducation de ses trois enfants, refusant de faire appel à des précepteurs et mettant en pratique les principes de Montaigne.

     

    Blaise a huit ans quand la famille s'installe à Paris, où son père est nommé par Richelieu, membre de l'Académie des sciences qu'il vient de créer. Etienne Pascal  veut que Blaise étudie avant tout le grec et le latin. Mais l'enfant révèle de tels dons pour les mathématiques que son père l'autorise à s'y consacrer et lui fait connaître les plus grands savants de son temps.

     

    Sa soeur aînée, Gilberte, raconte qu'il retrouve seul, sans enseignement, à l'âge de douze ans, trente deux propositions du premier livre d'Euclide.

     

    A seize ans, il rédige un Traité des sections coniques, qui, dit-on, aurait excité la jalousie de Descartes. Peu après, pour faciliter le travail de son père, alors adjoint de l'Intendant de Normandie, il invente la machine arithmétique dont il envoie un modèle à la reine Christine de Suede...  En 1646, son père s'étant démis la jambe lors d'une chute, il entre en contact avec ses chirurgiens , deux gentil-hommes gagnés au jansénisme- doctrine pessimiste sur la grâce et la prédestination qui prône un christianisme austère et rigoureux.. Cette rencontre va marquer toute son existence.

     

    En 1647  il écrit " Expérience nouvelle touchant le vide confirmant les travaux de Torricelli" et un " Traité du vide" dont on ne connaît qu'un fragment : de L'autorité en matière de physique......  De 1646 à 48  il fait sur le Puy - de - Dôme , puis à Rouen et ensuite à Paris les fameuses expériences sur la pesanteur de l'air et sur le vide qui complètent les recherches de Torricelli.., invente le haquet, et dit-on, une presse hydraulique..

     

     

    A Paris, en 1649, il connaît une période mondaine. Mais il tombe malade. Toute sa vie, il va devoir subir des maux de tête et de ventre, parfois intolérables. Bien que les médecins lui interdisent tout travail suivi, il reprend ses recherches en mathématiques et en physique. Il travaille parallèlement à Fermat et à Huyghens, sur le calcul des probabilités..Cependant, après la mort de son père et l'entrée en religion de sa soeur cadette Jacqueline, puis sous le choc d'un deuxième accident qui le laisse indemne,  il reconnaît le doigt de la Providence  ( lors d'une premenade, sa voiture, attelée à quatre chevaux qui s'emballent , est emportée, arrivée au pont de Neuilly les deux premiers chevaux se précipitent  dans la Seine,, mais les rênes et les traits qui les retiennent s'étant rompus,la voiture s'arrête court et Pascal est sauvé). Également, à la lumière de son extase du 23 novembre1954 il accomplit une retraite à Port Royal, décidé à ne se consacrer qu'à Dieu..

     

    Sous la pression de ses amis jansenistes, il est appelé en 1656 à défen dre la cause de Port-Royal, prenant le parti d'Arnauld contre la Sorbonne.  Il publie alors , sous pseudonyme , ses dix huit Provinciales où il attaque les Jésuites sur leur conception de la grâce. La Sorbonne le condamne, mais l'ouvrage sera le lus grand succès de librairie du siècle...

     

    Il prend aussi des notes pour élaborer une " Apologie du Christianisme" qui aura pour but de ramener les incrédules à la religion( ce seront les fameuses Pensées).. La maladie lui interdisant tout travail intellectuel prolongé, il abandonne en 1658 son activité scientifique, après un dernier traité de mathématiques, pour se consacrer au mysticisme et à la charité. Sa seule préoccupation est d'assembler des matériaux pour son Apologie du christianisme..

     

    A la suite d'une brouille, en 1661 avec Arnauld et  N icole, maîtres à penser du jansénisme qu'il accuse de tiédeur face aux persécution  religieuses déclenchées par Louis XIV, il se retire chez lui, à Paris, distribuant ses biens aux pauvres, vivant lui même dans un dénuement monastique. C'est pour ces pauvres( les riches ont des voitures)  qu'il met au point une ligne d'omnibus entre la porte Saint Antoine et le Luxembourg en 1662.  Sa maladie empire, ses maux de tête ne cessent de le faire souffrir, son corps est agité de convulsions. Celui que Voltaire appellera " le misanthrope sublime" s'éteint le 19 aout 1662 et est inhumé à Saint Etienne du Mont. On lui attribue un Discours sur les passions...

     

    Constituées des notes prises par Pascal pour son Apologie du christianisme qu'il n'a pas eu le temps d'écriree, les Pensées ont été recueillies après la mort de l'auteur. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que Léon Brunschvieg les classe et les numérote dans une présentation qui fait désormais autorité.

     

    Il y expose les deux états de l'homme, grandeur avec Dieu et misère s'il se coupe de Dieu.. Seule la première partie est rédigée.. Mais les Pensées ne sont pas qu'un ouvrage de métaphysique: c'est un chef-d'oeuvre d'écriture classique où Pascal psychologue perspicace, étudie la nature humaine avec sa rigueur de mathématicien...

     

     

     


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    On l'aime,Paul Eluard, parce qu'il aime, parce qu'il a aimé, et qu'il en a laissé la trace écrite dans des poèmes qui peuvent toujours servir....servir à dire ce que vous n'osez pas dire à qui vous aimez....Servir à rêver....

     

    Vendredi 6  juillet 1923, théâtre Saint Michel à Paris.... Mais quel est ce bruit de coups ? D'où viennent ces cris ...  Séparez les vite ! Ne les laissez pas se battre ainsi ....Mais de quoi s'agit-il et surtout de qui ?

     

    A votre gauche: Eugène Grindel, dit Paul Eluard ( du nom de sa grand-mère maternelle), né à Saint Denis le 14 décembre 1895. A votre extrême gauche, tendance anarchiste: Tristan Tzara... Et pourquoi donc se battent-ils ? Parce que la provocation anarchiste du mouvement dada ne plaît pas du tout au pape André Breton..Il a donc envoyé quelques-uns de ses cardinaux, chanoines et protonotaires apostoliques à ramener à la raison les déviants, en pleine représentation d'une pièce du papa de Tzara!!  fin du round-  vainqueur ? Paul Eluard! le mouvement dada- peu solide sur ses bases - est au tapis.....

     

    Que recueille-il , Paul, lorsqu'il rentre chez lui ? Helèna Dmitrievna Diakonova, sa femme - il l'appelle Gala pour faire plus court - va t-elle lui tomber dans les bras, éblouie parce que son chevalier des temps modernes a terrassé le dragon dadaïste ?  Point du tout! Entre Gala et Paul, il y'a ce qu'on appelle familièrement de l'eau dans le gaz! rien ne va plus dans le couple !!! ah ! qu'il est loin le temps ou le jeune Eugène Grindel écrivait des poèmes à la jeune et belle Russe Helèna pendant leur séjour au sanatorium de Clavadel, en Suisse! Depuis, Paul a été  mobilisé,en 14 il a connu l'horreur des champs de bataille , qui ne le quittera plus. Il a épousé Gala en 1917, leur fille Cécile, est née en 1918. Il a rencontré Soupault, Breton, Aragon, fondé avec eux le groupe surréaliste. Jusqu'à cette bagarre. Jusqu'à ce départ ...

     

    Oui, Paul Eluard , sans prévenir, disparaît. Il file à l'anglaise vers Marseille, en mars , à la veille de la parution de son livre "Mourir,pour ne pas mourir"." Tout le monde le cherche, personne ne sait où il est ... Est-il mort ? Non: au bout de quelques semaines, il envoie de ses nouvelles.Il est en Asie, ou Gala, accompagnée du peintre Max Ernst, va le retrouver. Tous les trois rentrent en France. Paul n'est plus fâché! .... 1928 : il rassemble alors ses poèmes et les publie sous le titre " Capitale de la douleur" sans doute le meilleur de sa création. Son couple bat toujours de l'aile et bientôt s'écrase en catastrophe : Gala a rencontré le génie des génies, l'homme à la moustache dressée comme deux pinceaux en mal de couleurs: Salvador Dali- que Breton transforme par anagramme en Avida Dollars.. Gala s'en va vivre avec lui et ses dollars!

     

    Paul survit, rencontre la très jolie Maria Benz , une alsacienne qu'il surnomme Nusch. Il publie en 1932 " La vie immédiate", en 1934  " La Rose publique", en 1936 " Les Yeux fertiles"....Pendant la Seconde guerre mondiale, il devient le poète de la Résistance, écrit le poème " Liberté", que les avions anglais parachutent dans les maquis.... La guerre finie,il est célébré, couvert d'honneurs, mais son bonheur prend fin avec la mort soudaine de Nusch, victime d'une congestion cérébrale...

     

    Terrassé par la douleur, Eluard pense au suicide, mais se relève, continue à écrire. Il épouse sa dernière compagne, Dominique, en 1951, lui dédiant son dernier et superbe recueil : " Le Phenix". Paul Eluard meurt le 18 novembre 1952 , d'une crise cardiaque, à  cinquante sept ans   

     

    LIBERTE

     

    Sur mes cahier d'écolier,

    Sur mon pupitre et les arbres

    Sur le sable,sur la neige

    J'écris ton nom.

                       

    Sur toutes les pages lues                                                 ,

    Sur toutes les pages blanches,

    Pierre sang papier ou cendre

    J'écris ton nom

     

    Sur les images dorées,

    Sur les armes des guerriers,

    Sur la couronne des rois,

    J'écris ton nom

     

    Sur la jungle et le désert,

    Sur les nids sur les genêts,

    Sur l'écho de mon enfance,

    J'écris ton nom

     

    Sur les merveilles des nuits

    Sur le pain blanc des journées,

    Sur les saisons fiancées,

    J'écris ton nom

     

    Sur tous mes chiffons d'azur,

    Sur l'étang soleil moisi

    Sur le lac lune vivante

    J'écris ton nom

     

    Sur les champs sur l'horizon,

    Sur les ailes des oiseaux

    Et sur le moulin des ombres,

    J'écris ton nom

     

    Et par le pouvoir d'un mot

    Je recommence ma vie,

    Je suis né pour te connaître

    Pour te nommer

    LIBERTE

     

    PAUL ELUARD


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    " Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien...La termitière future m'épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j'etais fait pour être jardinier"..... Telles sont les dernières phrases écrites par le commandant Antoine de Saint Exupery, dans une lettre retrouvée sur son bureau, au matin de sa disparition... Trente millions d'exemplaires de son oeuvre majeure, " Le petit Prince" ont été vendus dans le monde, en cent soixante traductions....

     

    Le " Petit Prince " a traversé presque toutes les enfances heureuses  qui furent à l'écoute de l'institutrice ou de la maman, sûres de lire un  conte pour enfants pusqu'on y trouve des animaux et des fleurs qui parlent, des planètes-jouets, et surtout cet enfant venu d'ailleurs, à la pureté désarmante, au chagrin mystèrieux. Plus tard, lorsqu'on a quitté l'enfance heureuse et qu'on relit " le Petit Prince"  on  comprend  que ce peut être aussi un conte pour enfants, mais que seuls les adultes sont capables d'en saisir la portée symbolique... La rose, ses épines et ses caprices, les personnages devenus des petites planètes résignées, le renard pédagogue dans le théâtre des humains, c'est mille chemins nouveaux qu'on identifie parce qu'on les a déjà parcourus... Et puis vient le temps des relectures tardives, surprenantes parce qu'on trouve encore dans l'aventure du Petit Prince la trace de ce qu'on a pu être, ou voulu être.. On se retrouve sur son chemin, juusqu'au bout, jusqu'à sa fin , bouleversante et simple ....

     

    Né en 1900, à Lyon, Saint-Exupery vit ses deux échecs aux concours d'entrée à l'Ecole Navale et à l'Ecole Centrale comme des drames dont il se remet en décidant de devenir pilote d'av ion. Il travaille alors pour Didier Daurat-le responsable des premiers long-courriers, il est nommé à Cap-Juby, au Maroc, puis à Buenos Ayres. Devenu ensuite reporter pour "Paris Soir", il voyage en Russie, en Espagne. Il revient en 1937 à l'aviation, assure la liaison Casablanca-Tombouctou. Il commence la guerre en 1939, mais il est démobilisé en 1940,atteint par la limite d'âge. Il part alors pour New York, mais en 1943, se fait engager dans les forces aériennes françaises. Il effectue des missions de reconnaissance. Le 31 juillet 1944 à 8h45 il s'envole de la base de Bastia-Borgo pour un survol des Alpes.. A 15h on l'attend. Il ne reviendra pas. L'épave de son Ligthning P38 a été découverte au large de Marseille à la fin de l'année 2003.

     

    SAINT EXUPERY EN PENSEES

     

     - Adieu, dit le Renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux ......(Le Petit Prince)

     

      -Ce qui embellit le désert, c'est qu'il cache un puits, quelque part- (Le Petit Prince)

     

     - Il est bien plus difficile de se juger soi même que de juger autrui .(Le Petit Prince)

     

     -On ne connaît que les choses qu'on apprivoise .. Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé...(Le Petit Prince)

     

     -Le langage est source de malentendu - (Le Petit Prince)

     

     -C'est tellement mystérieux, le pays des larmes (Le Petit Prince)

     

     -L'intelligence ne vaut qu'au service de l'amour - ( Pilote de guerre)

     

     -Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction- ( terre des hommes) ...

     

     


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  • VICTOR HUGO

    Hugo! Quatre lettres répandues dans tout son siècle et dans le monde entier.

     

    Voyagez un peu aujourd’hui : vous le rencontrez partout : dans les contrées les plus reculées, il est là . Ou bien son nom est peint sur un mur, affiché à une devanture, ou vivant dans la mémoire de quelque habitant de ses histoires, lues sur les bancs de toutes les écoles! Certains vont dire que la plus juste rime à Hugo c’est parano … il est vrai que parfois, il en fait … Mais ce qui peut l’installer pour jamais dans la sympathie de tous ceux qui parviennent à dépasser ses outrances, c’est son humanité profonde, sa générosité, sa sincérité, son courage, sa lutte incessante pour que le peuple soit fier d’être ! Ce n’est pas pour rien que près de deux millions de personnes accompagnèrent son cercueil au Panthéon!

     

    Le père de Victor, Le major Brutus Hugo rencontre Sophie Trébuchet , 23 ans, très cultivée, elle est gracile, sûre d’elle mais discrète, plutôt rêveuse et même secrète, ils tombent amoureux l’un de l’autre - Ils se marient en 1797. Un premier enfant naît en 1798 : Abel - Puis un deuxième en 1800 : Eugène- Un troisième enfin ! Et quel troisième: Victor Marie , le 26 fevrier 1802 à Besançon . Le médecin qui a pratiqué l’accouchement prévient les parents : leur petit Victor-Marie ne vivra pas vingt quatre heures … Il va vivre plus de quatre vingt ans !

     

    Vingt quatre heures à vivre! Victor Hugo va passer chaque jour de sa vie come s’il ne lui restait que vingt quatre heures à vivre : il veut tout faire, tout dire, tout voir avant de partir. Il faut l’imaginer ,les yeux écarquilles derrière la vitre des voitures à chevaux qui le conduisent avec sa famille en Corse en 1804, en Italie en 1807; Rome, Naples..

     

    Victor, à Madrid passe un an au collège des nobles. Il a neuf ans et ce qu’il voit s’imprime pour toujours dans sa mémoire. Ses pièces de théâtre, beaucoup de ses poèmes, en porteront la marque. Même les meubles qu’il sculpte, les dessins qu’il crée, et qu’on peut voir dans les demeures qu’il a occupées, semblent sortir d’une Ibérie mal remise de ses cauchemars. Retour à Paris où les parents de Victor se séparent ..

     

    «  Je veux être Chateaubriand ou rien » lorsque le jeune Victor, quatorze ans, écrit ce décasyllabe dans son cahier de vers, la tornade Hugo vient de se mettre en route… Elle va balayer tout le XIXe siècle, le XXe aussi, et ce n’est pas fini … Son père Brutus, tente de l’arrêter en l’enfermant au Collège Louis le Grand. On y gave Victor de mathématiques. Peine perdue.. Certes, Victor est attiré par les inconnues à résoudre, mais elles logent ailleurs que dans les formules algébriques.. En attendant de les énumérer bientôt dans ses carnets d’adulte conquérant, il traduit Virgile, écrit une tragédie, à quinze ans. En 1817 son poème «  le Bonheur que procure l’étude «  obtient la cinquième place au concours de l’Académie Française. Il en est à la fois heureux et marri ..

     

    En 1818 Victor renonce à Polytechnique, et puisqu’il faut faire des études, il s’inscrit en droit. La plume, elle, ne cesse de tourbillonner. En février, 1819 elle rapporte de l’académie des Jeux Floraux de Toulouse un lys d’or pour une ode sur le rétablissement de la statue d’Henri IV; Ce lys d’or , premier trophée demeurera longtemps accroché au-dessus de la cheminée dans les différentes demeures hugoliennes. Sa mère en est très fière, mais elle est malade, très malade .. Elle meurt le 27 juin 1821. Victor est désemparé. Il quitte Paris, à pied.. Pendant trois jours il marche sans s’arrêter … Ou va - t-il ? A Dreux chez Monsieur et Madame Foucher, les parents d’Adèle , une jeune femme dont il est tombé amoureux , Eugène le frère de Victor lui aussi lui voue un amour fou …

     

    Adèle et Victor se marient .. Eugène devient fou, il mourra en 1837 - Victor en ressent jun lourd chagrin mais ne cesse d’écrire, de publier «  Odes et poésies diverses » puis en 1823 «  Hans d’Islande ».

     

    Les années Juliette : Victor Hugo va recevoir plus de vingt mille lettres aussi débordantes d’amour, toutes envoyées par celle qui lui a consacré sa vie : Juliette Drouet.. La fidélité de Juliette est absolue pendant cinquante ans, jusqu’à sa mort! Elle va le suivre partout, elle est sa muse, son inspiratrice, son ange gardien et consolateur. Elle demeure cloitrée et cachée comme il l’exige, recopiant les manuscrits, toujours dans l’ombre, sans jamais protester, supportant tout de Victor, même ses infidélités .

     

    La mort de sa fille Léopoldine est une tragédie pour lui ..A travers le recueil «  Les contemplations » on peut lire l’image d’un père qui a failli mourir de chagrin, qui surmonte sa douleur, qui se résigne ..

    Victor Hugo se lance en politique à corps perdu , depuis toujours sensible à la misère, il commence un roman intitulé provisoirement «  Les misères » qui deviendra «  Les Misérables » … Nommé pair de France, il prononce son premier discours à la Chambre le 19 mars1846 , il est élu déplu à Paris… Il fuit ensuite en Belgique à cause de Louis Napoléon..

    La popularité de Victor Hugo est immense lorsqu’il rentre en France .. On reconnaît en lui le défenseur des opprimés, le proscrit qui n’a cessé de combattre le pouvoir que s’est accordé un seul homme - Napoléon III…

    Dans sa vie privée, le sort s’acharne contre lui : son fils Charles meurt subitement, à Bordeaux. En 1872 sa fille Adèle, qui a vécu un amour malheureux pour un officier anglais , devient folle . Elle est internée à Saint Mandé ou elle mourra en 1915. En décembre 1873 il perd son second fils François Victor. , En 1877 il publie la deuxième partie de «  La légende des Siècles », puis l’émouvant «  Art d’être grand-père » ….

     

    Après une congestion cérébrale qui le terrasse en 1878 Victor cesse quasiment d’écrire.. Le 11 mai 1883 celle qui l’a toujours aimé au-delà de tout , Juliette, meurt , à soixante dix sept ans..

     

    Le 15 mai 1885 Victor Hugo prend froid.. Le lendemain il est alité avec une forte fièvre qui ne le quitte pas dans les jours qui suivent. Il meurt d’une congestion pulmonaire le vendredi 22 mai , à quatre vingt trois ans. Le gouvernement décide de lui faire des obsèques nationales. Son corps est exposé sur un immense catafalque installé sous l’Arc de Triomphe. Plus de deux millions de personnes suivent ses obsèques, le 1 er juin. Il est conduit tout droit au Panthéon, dans le corbillard qu’il avait choisi : celui des pauvres..

    Hugo vous parle :

     

    «  la nuit, on pense mieux, la tête est moins pleine de bruits » (Ruy Blas.)

    «  La haine, c’est l’hiver du cœur «  ( les Contemplations)

    «  je n’ai plus d’ennemis quand ils sont malheureux ( Carnets)

    «  Les mots sont les passants mystérieux de l’âme » ( Les Châtiments)

    « la musique, c’est du bruit qui pense ( Fragments)

    «  Ainsi, la paresse est mère, elle a un fils, le vol

     

    VICTOR HUGO

    Lise

    J'avais douze ans ; elle en avait bien seize.
    Elle était grande, et, moi, j'étais petit.
    Pour lui parler le soir plus à mon aise,
    Moi, j'attendais que sa mère sortît ;
    Puis je venais m'asseoir près de sa chaise
    Pour lui parler le soir plus à mon aise.

    Que de printemps passés avec leurs fleurs !
    Que de feux morts, et que de tombes closes !
    Se souvient-on qu'il fut jadis des coeurs ?
    Se souvient-on qu'il fut jadis des roses ?
    Elle m'aimait. Je l'aimais. Nous étions
    Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.

    Dieu l'avait faite ange, fée et princesse.
    Comme elle était bien plus grande que moi,
    Je lui faisais des questions sans cesse
    Pour le plaisir de lui dire : Pourquoi ?
    Et par moments elle évitait, craintive,
    Mon oeil rêveur qui la rendait pensive.

    Puis j'étalais mon savoir enfantin,
    Mes jeux, la balle et la toupie agile ;
    J'étais tout fier d'apprendre le latin ;
    Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile ;
    Je bravais tout; rien ne me faisait mal ;
    Je lui disais : Mon père est général.

    Quoiqu'on soit femme, il faut parfois qu'on lise
    Dans le latin, qu'on épelle en rêvant ;
    Pour lui traduire un verset, à l'église,
    Je me penchais sur son livre souvent.
    Un ange ouvrait sur nous son aile blanche,
    Quand nous étions à vêpres le dimanche.

    Elle disait de moi : C'est un enfant !
    Je l'appelais mademoiselle Lise.
    Pour lui traduire un psaume, bien souvent,
    Je me penchais sur son livre à l'église ;
    Si bien qu'un jour, vous le vîtes, mon Dieu !
    Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu.

    Jeunes amours, si vite épanouies,
    Vous êtes l'aube et le matin du coeur.
    Charmez l'enfant, extases inouïes !
    Et quand le soir vient avec la douleur,
    Charmez encor nos âmes éblouies,
    Jeunes amours, si vite épanouies!

     


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