• On n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher, écrit Kant. Que signifie cette distinction ? Philosopher ce n’est pas prendre possession de l’ensemble des doctrines philosophiques comme d’un savoir .C’est adopter une une certaine attitude intellectuelle face aux discours comme aux évènements, aux savoirs comme aux pratiques. C’est appréhender ceux ci autrement que nous ne le faisons spontanément,  mais c’est aussi adopter une nouvelle démarche intellectuelle en changeant, parfois même en inversant nos habitudes mentales.

     

     

     

    En un mot philosopher, c’est d’abord acquérir ce que l’on appelle la   » tournure d’esprit philosophique ». La tournure d’esprit se caractérise  par une méfiance à l’égard des certitudes et des évidences, des réponses toutes faites que l’on peut apporter aux questions que l’on nous pose ou qui se posent, des lieux communs et des généralités vides que l’on confond avec des vérités universelles. Cette tournure philosophique est faite de doute, de vigilance, d’étonnement qui nous conduisent à interroger et à analyser. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans le doute ou le soupçon mais de les utiliser pour accéder à une plus grande lucidité et pouvoir ainsi formuler  clairement les problèmes qui demandent à être approfondis et réfléchis soit parce qu’ils n’ont pas de solution préalable, soit parce qu’ils ne peuvent pas avoir de solution, mais qu’il est urgent de les penser . Il s’agit aussi de   » penser par soi même » , d’accéder, selon une formule de Kant à une majorité intellectuelle ou l’on devient responsable de ce que l’on dit, avec les risques que cela comporte.

     

    La tournure philosophique est ainsi plus qu’une manière de penser, elle est une manière d’être qui suppose le sens de la responsabilité  intellectuelle.

     

     

     

    Un but principal : clarifier la pensée. 

     

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    Le but de la philosophie est la clarification logique de la pensée. La philosophie n’est pas une doctrine mais une activité. Une oeuvre philosophique consiste essentiellement en élucidations. Le résultat de la philosophie n’est pas un nombre de « propositions philosophiques » mais le fait que des propositions s’éclaircissent. La philosophIe a pour but de rendre claires et de délimiter rigoureusement  les pensées qui, autrement, sont troubles et floues


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  • L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible des roseaux, mais c’est un roseau pensant .

    On retrouve dans cette phrase le theme pascalien de la misère de l’homme, faible comme un roseau parce que mortel, et de la grandeur de l’homme parce qu’il dispose de la raison.

     

     

    Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme.

     J.J.ROUSSEAU                                                                                     

    la liberté est pour Rousseau ce qui définit l’homme. Renoncer à la liberté c’est renoncer à l’humanité qui est en nous, en d’autres termes, la liberté est inalienable, c’est à dire qu’on ne peut ni la donner ni la vendre.

     

     

    Des pensées sans matiere sont vides, des intuitions sans concept sont aveugles ……………………….E.KANT

    cette phrase résulte la theorie de la connaissance chez Kant.  Des pensées sans matieres sont des concepts qui ne se réfèrent à aucune intuition, la connaissance nécessite l’action de la faculté d’entendement qui procède au moyen d’intuition,c’est à dire qu’on ne peut connaitre que ce qui est donné dans l’intuition.

     

     

    Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant …………………………………..MONTAIGNE

    La mort est la conséquence de la vie. C’est pourquoi Montaigne considère que la sagesse est d’accepter notre mort et donc de philosopher, c’est apprendre à mourir, ce qui n’est rien d’autre qu’apprendre à vivre.

     

     

    Je pense, donc je suis                        DESCARTES

    Descartes formule la découverte du cogito dans le discours de la methode. A l’issue du doute, Descartes s’aperçoit qu’il est impossible de douter de la pensee, car douter c’est penser, or si je pense c’est que j’existe, il faut bien que j’existe.  La formulation laisse entendre que l’existence est déduite de la pensée.

    PENSEES PHILOSOPHIQUES COMMENTEES


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  • QU’EST CE QUE LA CONSCIENCE ?

     

    Lorsqu’une montagne ou une plante subissent les actions de leur milieu extérieur, elles ne le savent pas… Lorsqu’un être humain subit une action ou bien décide d’en engager une, il peut le savoir..  » conscience » vient de deux mots latin signifiant  » savoir avoir  » … La conscience est une forme de savoir …

     

    Il existe des savoirs inconscients : la plus grande part de notre mémoire constituée d’un ensemble très vaste et indéfini de souvenirs, est inconsciente. Lorsque Socrate disait que la seule chose qu’il sait, c’est qu’il ne sait rien, alors que les sophistes ne savent rien mais croient tout savoir, il établissait la distinction entre une ignorance consciente et une ignorance inconsciente…

     

    La conscience est moins une chose qu’une relation .. La conscience se porte vers deux directions possibles : le monde extérieur , qui est celui des choses et des autres ou bien le monde intérieur . Seul l’être humain est capable d’avoir conscience de lui même

     

    Il existe un principe de distinction entre deux formes de conscience : celle qui juge les faits, et celle qui juge d’après les valeurs.. On appelle conscience morale la seconde forme de conscience et conscience psychologique la première.

     

    La conscience psychologique porte sur l’être alors que la conscience morale porte sur le devoir-être.. La conscience psychologique se rapporte aux faits, ses jugements sont des jugements de fait

    alors que la conscience morale se rapporte aux valeurs ses jugements sont des jugements de valeur.. Dans les expressions  » prendre conscience « ,  » perdre conscience  » le terme conscience  est pris au sens psychologique, dans les expressions » bonne ou mauvaise conscience » » en son âme et conscience » le terme conscience a un sens moral ..

     

    De même, il ne faut pas confondre » expliquer » et justifier » … Expliquer c’est rendre compte d « une chose par des causes et des conditions , justifier, c’est donner une légitimité à une chose : lorsque un sociologue explique la violence ou le racisme ,il ne le justifie pas évidemment..

    LA CONSCIENCE

     

     


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    Tagore est assurément un des pères de la littérature indienne. Son œuvre est immense et fascinante. Il est l'auteur de plus de mille poèmes,deux mille chansons dont il a écrit la musique, des pièces de théâtre, des romans, des recueils de nouvelles.Il a écrit aussi des essais sur tous les sujets qui lui étaient chers, de la philosophie à la politique, de l'éducation aux arts, il a laissé de de nombreux croquis ,dessins et peintures. Mais Tagore fut avant tout un poète " le Poète" comme il est affectueusement dénommé en Inde, et c'est par sa poésie qu'il se fit connaître dans le monde entier.

     

    Dernier enfant d'une famille brahmane de Calcutta, il grandit dans l'ombre d'un père savant et réformateur religieux. Il prit part à la formidable émulation intellectuelle et sociale que connut au 19e siècle le Bengale, alors aux prises avec les influences modernistes d'essence occidentale.  Eduqué dans les trois langues - sanscrit, bengali, et anglais, il écrivit des poèmes très tôt, et traduisit lui meme en anglais certains de ses recueils.  La publication de Gitanjali ( l'offrande lyrique) en Europe et en Amérique du nord rendit Tagore célèbre, et il reçut le prix Nobel de littérature en 1913. Sa soudaine renommée lui permit de faire de nombreux voyages sur les divers continents pour des conférences ou des visites d'amitié au cours desquelles il prônait inlassablement la paix, la non violence et l'unité entre les hommes.

     

    Ami de Gandhi, Tagore participa à sa façon à l'émergence de l'Inde comme nation. Il est l'auteur de nombreux poèmes et chansons patriotiques dont deux sont devenus les hymnes nationaux de l'Inde et du Bangladesh. 

     

     

    L'Offrande lyrique est une succession de dialogues, de louanges à Dieu d'une grande beauté et d'une grande humilité. Ces poèmes allient la finesse de lagnage à la contemplation ou la réflexion philosophique, et ils le font si harmonieusement que c'est bien à  une double et indissociable méditation que nous sommes conviés. Et ce n'est pas la moindre qualité de cette œuvre que d'avoir été traduite par André GIde qui lui apporta toutes ses qualités d'écrivain, et plus encore ...

     

     

    En 1901 il fonda l'école de Santiniketan à Bolpur pour pallier au mauvais système éducatif qui prévalait alors. Dans cette école, Tagore avait pris l'habitude, au cours de réunions matinales de partager avec les professeurs et les élèves son expérience spirituelle et philosophique.Il y exposait sans jamis se départir de sa verve poétique, ses conceptions sur la relation à la vie, à Dieu et à la nature. Ces causeries d'une grande limpidité, ont été réunies et traduites en français dans les ouvrages " La demeure de la Paix " et "Sâdhanâ". Dans le premier, Tagore nous montre comment chez l'homme l'angoisse, les doutes et les incertitudes sont un mal nécessaire,porteur d'apprentissage, mais peuvent se révéler un bien lourd fardeau si l'on y répond par l'inaction ou par le remède trop facile que constitue le refuge dans les idées reçues ou la lecture des écritures. 

     

    Dans un langage simple et vivant, plein de bon sens, Tagore, sur bien des problèmes de notre société, pose les diagnostics et suggère les remèdes, nous fait voir le fait et nous encourage à la nécessité. Il ponctue son message par quelques prières ou préceptes empruntés aux textes sacrés hindous. Au travers d'anecdotes vécues, il parle de l'amour,de la beauté, de l'écoute, de l'action et de la libération intérieure. Il nous dit l'importance de se sentir relié et de ne pas négliger le spirituel dans notre vie.

     

     

    S'il est exact que dans l'immédiat nous risquons peu à ne pas nous interesser au spirituel, dans " Sâdhanâ", Tagore nous démontre que dans l'absolu, cette négligence est à la source de la plupart de nos problèmes et nous prive d'une plus grande réalisation de nous mêmes. Maintes fois, il s'émerveille de la nature et de son exemplarité car elle a su faire coexister, au dehors, le travail incessant et les nécessaires impératifs de survie, avec au dedans, la beauté absolue et la tranquillité.

     

     

    La nature est omniprésente dans les poèmes de Tagore. De chemins solitaires en vols de cygnes sauvages, de moussons tumultueuses en déluges de fleurs multicolores, de ciel d'étoiles en bouquets de galaxies, la palette est large et le poète ne manque jamais d'en utiliser  toutes les nuances pour peindre ses merveilleuses métaphores. Mais si Tagore voue à la nature un grand amour, ce n'est pas seulement pour la décrire, mais pour louer à travers elle les sentiments, les émotions qu'elle lui a communiqués.

     

     

    Quelques heures seulement avant sa mort, le sept aout 1941, Tagore dicta son dernier poème....

     

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  • Pourquoi y'a t-il quelque chose plutôt que rien ?

     

     

    Le point commun entre un enfant de sept ans et un philosophe est que tous deux deux s'interrogent sur le pourquoi des choses.  La philosophie commence en effet avec cette question fondamentale " pourquoi y'a t-il quelque chose plutôt que rien ?" L'être ou le néant, telle est la grande distinction. Entre ces deux extrêmes, il y'a moi, le monde, les autres...  Nous aurions pu ne pas être, notre existence n'était pas nécessaire, : moi, par exemple, je pouvais ne pas naitre,  mes parents auraient pu ne pas se rencontrer  etc... Il n'yavait pas de raison absolue à mon existence, pas plus qu'à celle de tout le reste. Je suis, j'existe, mais rien ne le justifie car rien ne le commandait.  Je suis advenu à l'existence par hasard et je suis ce que je suis par accident. Tout est entièrement ouvert, indeterminé... Sartre , justement disait que cette indetermination correspond au " néant" et c est elle qui définit l'être de l'homme: l'être est néant .

     

     

    L'homme  a en effet ceci de particulier, par rapport a ux choses et aux animaux, qu'il n'a pas à être quoi que ce soit, mais qu'il choisit librement ce qu'il veut être. C'est ce qui fait dire à Sartre que nous sommes condamnés à être libres. Nous ne pourrons jamais trouver le repos d'une identité, d'une existence convenue, mais nous devons avoir le courage d'admettre que nous pouvons à tout moment choisir de ne plus être celui que nous sommes pour devenir celui que nous ne sommes pas encore ...

    BREVES DE PHILO

     

    La " mauvaise foi" selon Sarte consiste à croire que l'on a une identité fixe, un être pour la vie.  C'est là, refuser le néant qui fait notre être, c'est à dire la liberté qui gouverne notre existence. Mais rien n'est plus pesant qu'être libre , ainsi nous nous attribuons  une personnalité que nous souhaitons conserver, nous imaginons que nous sommes, au choix, drôle, amoureux, pessimiste, hotesse de l'air, pêcheur à la mouche ... et que ces caractères nous définissent.. Plutôt que d'affronter cette liberté totale qui consiste  à être tout ce que nous voulons sans  jamais être quelqu'un  en particulier, nous endossons des rôles , nous jouons à etre intellectuel,  femme fatale, grand timide ... Se prendre pour quelqu'un est se mentir à soi même...  C'est refuser, dirait Sartre, d'être le néant que nous sommes ....

     


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