•  

    Quand la rose s’entr’ouvre, heureuse d’être belle,
    De son premier regard elle enchante autour d’elle
    Et le bosquet natal et les airs et le jour.
    Dès l’aube elle sourit ; la brise avec amour
    Sur le buisson la berce, et sa jeune aile errante
    Se charge en la touchant d’une odeur enivrante ;
    Confiante, la fleur livre à tous son trésor.
    Pour la mieux respirer en passant on s’incline ;
    Nous sommes déjà loin, mais la senteur divine
    Se répand sur nos pas et nous parfume encor.

    LOUISE ACKERMANN

     

    rose-2

     

    votre commentaire
  • Voici que la saison décline…

    Voici que la saison décline,

    L’ombre grandit, l’azur décroît,

    Le vent fraîchit sur la colline,

    L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.

     

    Août contre septembre lutte ;

    L’océan n’a plus d’alcyon ;

    Chaque jour perd une minute,

    Chaque aurore pleure un rayon.

     

    La mouche, comme prise au piège,

    Est immobile à mon plafond ;

    Et comme un blanc flocon de neige,

    Petit à petit, l’été fond.

     

    VICTOR HUGO

    Fin des vacances


    votre commentaire
  •  

    AUTOMNE

    Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux

    Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne

    Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux.

     

    Et s'en allant là bas le paysan chantonne

    Une chanson d'amour et d'infidélité

    Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise.

     

    Oh! l'automne a fait mourir l'été

    Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises.

     

    GUILLAUME APOLLINAIRE

     

    AUTOMNE

     

     


    votre commentaire
  • Elle aimait la vie, il aimait la mort.

     

    Elle aimait la vie, il aimait la mort
    Il aimait la mort, et ses sombres promesses,
    Avenir incertain d'un garçon en détresse,
    Il voulait mourir, laisser partir sa peine,
    Oublier tout ses jours à la même rengaine,...

    Elle aimait la vie, heureuse d'exister.
    Voulait aider les gens et puis grandir en paix,
    C'était un don du ciel, toujours souriante,
    Fleurs et nature qu'il pleuve ou qu'il vente.

    Mais un beau jour, la chute commença,
    Ils tombèrent amoureux, mauvais choix,
    Elle aimait la vie, et il aimait la mort.
    Qui d'entre les deux allait être le plus fort?

    Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifié,
    Amis et famille, capable de tout renier,
    Tout donner pour s'aimer, tel était leur or,
    Si différent et pourtant plus proche que tout
    Se comprenant pour protéger un amour fou,
    L'un rêvait de mourir et de s'envoler,
    L'autre d'une vie avec lui, sans atrocités

    Fin de l'histoire: obligés de se séparer,
    Ils s'étaient promis fidélité éternelle
    Aujourd'hui le garçon torturé vit pour elle,
    Car la fille pour lui, a rendu ses ailes

    Il aimait la mort, elle aimait la vie.
    Il vivait pour elle, elle est morte pour lui.

                      W. SHAKESPEARE

    POESIE  SUR LA VIE

     

     


    votre commentaire
  • BARBARA       

     

    Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
    Et tu marchais souriante
    Épanouie, ravie, ruisselante
    Sous la pluie
    Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest
    Et je t’ai croisé rue de Siam
    Tu souriais
    Et moi je souriais de même
    Rappelle-toi Barbara
    Toi que je ne connaissais pas
    Toi qui ne me connaissais pas
    Rappelle-toi
    Rappelle-toi quand même ce jour-là
    N’oublie pas
    Un homme sous un porche s’abritait
    Et il a crié ton nom
    Barbara
    Et tu as couru vers lui sous la pluie
    Ruisselante, ravie, épanouie
    Et tu t’es jetée dans ses bras
    Rappelle-toi cela Barbara
    Et ne m’en veux pas si je te tutoie
    Je dis tu à tous ceux que j’aime
    Même si je ne les ai vu qu’une seule fois
    Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
    Même si je ne les connais pas
    Rappelle-toi Barbara
    N’oublie pas
    Cette pluie sage et heureuse
    Sur ton visage heureux
    Sur cette ville heureuse
    Cette pluie sur la mer
    Sur l’arsenal
    Sur le bateau d’Ouessant
    Oh Barbara
    Quelle connerie la guerre
    Qu’es-tu devenue maintenant
    Sous cette pluie de fer
    De feu d’acier de sang
    Et celui qui te serrait dans ses bras
    Amoureusement
    Est-il mort disparu ou encore vivant
    Oh Barbara
    Il pleut sans cesse sur Brest
    Comme il pleuvait avant
    Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
    C’est une pluie de deuil, terrible et désolée
    Ce n’est même plus l’orage
    De fer d’acier et de sang
    Tout simplement des nuages
    Qui crèvent comme des chiens
    Des chiens qui disparaissent
    Au fil de l’eau sur Brest
    Et vont pourrir au loin
    Au loin, très loin de Brest
    Dont il ne reste rien.

     

    JACQUES PREVERT

     

     

     

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique