• JE SUIS.....


    Je suis....
    Je suis le bleu du ciel et l'ocre de la terre
    Le vent de la forêt
    Le rouge du pavot
    La blancheur de la plume et le noir du mystère
    Je vibre dans le jaune habillant l'abricot
    Sanglote dans le gris des plus funestes orages
    Et ruisselle dans l'or de l'âme du soleil
    Je suis dans les reflets du pllus petit rivage
    Le mauve du lilas
    Le rose sans pareil de la fleur éternelle et des feux du flamant
    Je suis tous les reflets argentés de la lune
    Au coeur de la moindre étoile
    Au bord du firmament
    Et ceux ou te sourit la blondeur de la dune
    Dans le trille du merle
    Le rire du ruisseau
    J'éclate en mille sons ou chante la tendresse
    Vibrato de bonheur comblant chaque ruisseau
    Et je danse toujours dans le feu qui se dresse
    Je suis tous les flocons doux cristaux de neige
    Qui dessinent dans l'air leur valse de froid
    Et les gouttes de pluie en rondes ou manège
    abreuvant le sol sec lorsque l'été fait loi
    Je perle dans la sève éttofant les ramures
    Dans les sillons du champs que l'homme a labouré
    Ou geint le souvenir d'un grand choc des armures
    Et niche la colombe au tendre bec doré
    Je suis clair,je suis sombre à tout instant du jour
    Mes couleurs sont partout dans l'ombre ou la lumière
    Mes chagrins, ma colère et surtout mon amour
    Je suis le cri du vent
    Sa chanson coutumière
    L'arôme de la mousse et le goût des embruns
    Je transperce la nuit des mes clartés sans nombre
    Je donne leur nuance aux plus simples des parfums
    Et je chante pour toi lorsque ton coeur est sombre
    Regarde - moi .....sens -moi.....
    Toi, qui dans tes hivers recherche une lueur et la force de vivre
    Car je suis toujours là
    Je me nomme " UNIVERS "
    et je m'offre en ami pour tout ce que je livre......


    Tres beau texte de Johanne Hauber -Bieth......

     

     

     

    JE SUIS

     


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  • Soleils couchants

     
     

    Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
    Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
    Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
    Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

    Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
    Sur la face des mers, sur la face des monts,
    Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
    Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

    Et la face des eaux, et le front des montagnes,
    Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
    S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
    Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

    Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
    Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
    Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
    Sans que rien manque au monde immense et radieux !

    Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne

     


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  • L'oiseau

     

    Un oiseau siffle dans les branches
    Et sautille gai, plein d’espoir,
    Sur les herbes, de givre blanches,
    En bottes jaunes, en frac noir.

     

    C’est un merle, chanteur crédule,
    Ignorant du calendrier,
    Qui rêve soleil, et module
    L’hymne d’avril en février.

     

    Pourtant il vente, il pleut à verse ;
    L’Arve jaunit le Rhône bleu,
    Et le salon, tendu de perse,
    Tient tous ses hôtes près du feu.

     

    Les monts sur l’épaule ont l’hermine,
    Comme des magistrats siégeant.
    Leur blanc tribunal examine
    Un cas d’hiver se prolongeant.

     

    Lustrant son aile qu’il essuie,
    L’oiseau persiste en sa chanson,
    Malgré neige, brouillard et pluie,
    Il croit à la jeune saison.

     

    Il gronde l’aube paresseuse
    De rester au lit si longtemps
    Et, gourmandant la fleur frileuse,
    Met en demeure le printemps.

     

    Il voit le jour derrière l’ombre,
    Tel un croyant, dans le saint lieu,
    L’autel désert, sous la nef sombre,
    Avec sa foi voit toujours Dieu.

     

    A la nature il se confie,
    Car son instinct pressent la loi.
    Qui rit de ta philosophie,
    Beau merle, est moins sage que toi !

     

     

    Théophile Gautier.  


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  • BARBARA       

    Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
    Et tu marchais souriante
    Épanouie, ravie, ruisselante
    Sous la pluie
    Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest
    Et je t’ai croisé rue de Siam
    Tu souriais
    Et moi je souriais de même
    Rappelle-toi Barbara
    Toi que je ne connaissais pas
    Toi qui ne me connaissais pas
    Rappelle-toi
    Rappelle-toi quand même ce jour-là
    N’oublie pas
    Un homme sous un porche s’abritait
    Et il a crié ton nom
    Barbara
    Et tu as couru vers lui sous la pluie
    Ruisselante, ravie, épanouie
    Et tu t’es jetée dans ses bras
    Rappelle-toi cela Barbara
    Et ne m’en veux pas si je te tutoie
    Je dis tu à tous ceux que j’aime
    Même si je ne les ai vu qu’une seule fois
    Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
    Même si je ne les connais pas
    Rappelle-toi Barbara
    N’oublie pas
    Cette pluie sage et heureuse
    Sur ton visage heureux
    Sur cette ville heureuse
    Cette pluie sur la mer
    Sur l’arsenal
    Sur le bateau d’Ouessant
    Oh Barbara
    Quelle connerie la guerre
    Qu’es-tu devenue maintenant
    Sous cette pluie de fer
    De feu d’acier de sang
    Et celui qui te serrait dans ses bras
    Amoureusement
    Est-il mort disparu ou encore vivant
    Oh Barbara
    Il pleut sans cesse sur Brest
    Comme il pleuvait avant
    Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
    C’est une pluie de deuil, terrible et désolée
    Ce n’est même plus l’orage
    De fer d’acier et de sang
    Tout simplement des nuages
    Qui crèvent comme des chiens
    Des chiens qui disparaissent
    Au fil de l’eau sur Brest
    Et vont pourrir au loin
    Au loin, très loin de Brest
    Dont il ne reste rien.

    JACQUES PREVERT

     


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  • Sur la plage

    La plage étincelle, fume
    Et retentit, vaste enclume
    Que les vagues et le vent
    Couvrent de bruit et d'écume.
    Je vais, selon ma coutume,
    Le long du galet mouvant,
    Les yeux au large, rêvant
    Quelque rêve décevant
    Salé de fraîche amertume.
    Avec leurs doux cris joyeux
    Et leurs mines ingénues,
    De beaux enfants, jambes nues,
    Se mouillent à qui mieux mieux.
    De loin, les suit et les gronde
    Une vieille grand-maman.
    Une jeune femme blonde
    Lit toute seule un roman.
    Les légères mousselines
    Des nuages vagabonds
    Se déchirent aux collines.
    Les grandes vagues félines
    Se cabrent, puis font des bonds.
    Et je contemple l'abîme ;
    Et je voudrais, âme et corps,
    Me mêler aux longs accords
    Qui roulent de cime en cime


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