• Page d’écriture

     

    Deux et deux quatre

    Quatre et quatre huit

    Huit et huit font seize

    Répétez! dit le maitre

    Deux et deux quatre

    Quatre et quatre huit

    Huit et huit font seize

    Mais voilà l’oiseau lyre

    Qui passe dans le ciel

    L’enfant le voit

    L’enfant l’entend

    L’enfant l’appelle:

    Sauve-moi

    Joue avec moi

    Oiseau!

    Alors l’oiseau descend

    Et joue avec l’enfant

    Deux et deux quatre...

    Répétez! dit le maitre

    Et l’enfant joue

    L’oiseau joue avec lui...

    Quatre et quatre huit

    Huit et huit font seize

    Et seize et seize qu’est-ce qu’ils font?

    Ils ne font rien seize et seize

    Et surtout pas trente-deux

    De toute façon

    Et ils s’en vont.

    Et l’enfant a caché l’oiseau

    Dans son pupitre

    Et tous les enfants

    entendent sa chanson

    et tous les enfants

    entendent sa musique

    et huit et huit à leur tour s’en vont

    et quatre et quatre et deux et deux

    à leur tour fichent le camp

    et un et un ne font ni une ni deux

    un et un s’en vont également.

    Et l’oiseau lyre joue

    Et l’enfant chante

    Et le professeur crie:

    Quand vous aurez fini de faire le pitre!

    Mais tous les autres enfants écoutent la musique

     
    Et les murs de la classe

    S’écroulent tranquillement.

    Et les vitres redeviennent sable

    L’encre redevient eau

    Les pupitres redeviennent arbres

    La craie redevient falaise

    Le porte-plume redevient oiseau.


    JACQUES PREVERT

    PAGE D'ECRITURE


    2 commentaires
  • On croit la vie plus belle

    A l'autre bout du ciel*

    Mais nous avons peut être au coeur

    Ce qu'on cherchait ailleurs.

    On part souvent trop loin,

    Oui mais quand on revient

    Quelque chose en nous a changé,

    On a enfin la vérité

    Le vrai soleil n'est pas celui

    Qui brille la-haut pour les oiseaux,

    Le vrai soleil n'est pas celui

    Qui brûle la peau lorsqu'il fait beau,

    Quand on est heureux,

    Ce n'est qu'au fond de nous

    Qu'il s'éveille et qu'il grandit,

    le vrai soleil brille au fond de nos yeux

    On ne l'a jamais vu dans le ciel en plein midi

    Au temps des cheveux gris,

    Au bout de notre vie,

    Quand nos coeurs seront presque usés

    Dans tes yeux je le verrai s'éterniser.

    Le vrai soleil n'est pas celui

    Qui met ses diamants sur l'océan,

    Le vrai soleil peut se lever

    Un soir à minuit si ça lui dit .

    Il peut venir un jour sous la pluie nous aveugler,

    C'est en dedans qu'il nous éblouit de sa clarté.

    Le vrai soleil est au fond de nos yeux

    Quand on est heureux ..

     

    LE SOLEIL


    votre commentaire
  • Les cheveux

    Simone, il y a un grand mystère
    Dans la forêt de tes cheveux.

    Tu sens le foin, tu sens la pierre
    Où des bêtes se sont posées ;
    Tu sens le cuir, tu sens le blé,
    Quand il vient d'être vanné ;
    Tu sens le bois, tu sens le pain
    Qu'on apporte le matin ;
    Tu sens les fleurs qui ont poussé
    Le long d'un mur abandonné ;
    Tu sens la ronce, tu sens le lierre
    Qui a été lavé par la pluie ;
    Tu sens le jonc et la fougère
    Qu'on fauche à la tombée de la nuit ;
    Tu sens la ronce, tu sens la mousse,
    Tu sens l'herbe mourante et rousse
    Qui s'égrène à l'ombre des haies ;
    Tu sens l'ortie et le genêt,
    Tu sens le trèfle, tu sens le lait ;
    Tu sens le fenouil et l'anis ;
    Tu sens les noix, tu sens les fruits
    Qui sont bien mûrs et que l'on cueille ;
    Tu sens le saule et le tilleul
    Quand ils ont des fleurs plein les feuilles ;
    Tu sens le miel, tu sens la vie
    Qui se promène dans les prairies ;
    Tu sens la terre et la rivière ;
    Tu sens l'amour, tu sens le feu.

    Simone, il y a un grand mystère
    Dans la forêt de tes cheveux.  

    LES CHEVEUX

    REMY DE GOURMONT


    votre commentaire
  • Le temple est en ruine au haut du promontoire.
    Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
    Les Déesses de marbre et les Héros d'airain
    Dont l'herbe solitaire ensevelit la gloire.

    Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
    De sa conque où soupire un antique refrain
    Emplissant le ciel calme et l'horizon marin,
    Sur l'azur infini dresse sa forme noire.

    La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux
    Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
    Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;

    Mais l'Homme indifférent au rêve des aïeux
    Ecoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
    La Mer qui se lamente en pleurant les sirènes.

     

    JOSE MARIA DE HEREDIA

     

     

    L'OUBLI


    votre commentaire