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Par sylvie06 le 2 Juillet 2015 à 01:17
Le MOT
Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes;
Tout: la haine et le deuil. Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.
Écoutez bien ceci: Tête à tête, en pantoufle,
Porte close, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou si vous l'aimez mieux
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce mot que vous croyez qu'on n'a pas entendu,
Que vous disiez tout bas, dans un lieu sourd et sombre,
Court, à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre.
Tenez: il est dehors, il connaît son chemin,
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle,
Au besoin, il prendrait des ailes comme l'aigle.
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et coetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Il va tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé;
Il sait le numéro, l'étage, il a la clef,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive et railleur, regardant l'homme en face
Dit: "Me voilà! Je sors de la bouche d'un tel!
Et c'est fait: vous avez un ennemi mortel.VICTOR HUGO
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Par sylvie06 le 4 Juin 2015 à 23:58
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize...
Répétez! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l'oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle:
Sauve-moi
Joue avec moi
oiseau!
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
Deux et deux quatre...
Répétez! dit le maître
et l'enfant joue
l'oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu'est-ce qu'ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente deux
de toute façon
et ils s'en vont.
Et l'enfant a caché l'oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fiche le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie:
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s'écoulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
L'encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseauJACQUES PREVERT
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Par sylvie06 le 24 Mai 2015 à 19:48
L'oiseau et la mer
L’oiseau que je réchauffe au cœur de cet hiver
Est un oiseau des îles qui regrette la mer
Son duvet m’est douceur et son chant m’est tendresse
Mais il tremble - et j’ai peur que bientôt il ne cesse.
Car je le tiens en cage et je vois son plumage
Se ternir et ses yeux, qui reflètent la mer,
Cherchent mon regard pour y lire mon âge ;
Et son decrescendo me fait froid dans le dos.
Je le serre pourtant sur mon cœur en déroute
Mais je sais qu’un adieu va crucifier nos routes …
Oui je sais qu’un oiseau, quand il est réchauffé,
Quand le vent qui le porte se remet à souffler,
Quitte la cage ouverte et retourne voler
A plein cœur vers le Sud, vers la mer et l’amourJEAN MARIN SERRE
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Par sylvie06 le 16 Mars 2015 à 01:06
A AURORE
La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce que l'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit
Tout ce que l'on sent en soi-même
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime
Elle est iuste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi - même.
Regarde le ciel , il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime
La vérité c'est ce qu'on croit.
En la natue c'est toi même.
GEORGE SAND
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Par sylvie06 le 22 Janvier 2015 à 23:33
QUEL SECRET DORT .....
Chatte blanche, chatte sans tache,
Je te demande, dans ces vers,
Quel secret dort dans tes yeux verts.
Quel sarcasme sous ta moustache .
Tu nous lorgnes, pensant tout bas
Que nos fronts pâles,que nos lèvres
Déteintes en de folles fièvres
Que nos yeux creux ne valent pas.
Ton museau que ton nez termine,
Rose comme un bouton de sein
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité ?
Aurais tu la clé des problèmes
Qui nous font frissonner et blêmes
Passer le printemps et l'été ?
Devant la mort qui nous menace,
Chats et gens, ton flair plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s'efface
Où va la pensée, où s'en vont
Les défuntes splendeurs charnelles ?
Chatte, détourne tes prunelles
J'y trouve trop de noir au fond.
CHARLES CROS
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