• Promenades dans les rochers

    Le soleil déclinait ; le soir prompt à le suivre
    Brunissait l'horizon ; sur la pierre d'un champ
    Un vieillard, qui n'a plus que peu de temps à vivre,
    S'était assis pensif, tourné vers le couchant.
    C'était un vieux pasteur, berger dans la montagne,
    Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois,
    A l'heure où le mont fuit sous l'ombre qui le gagne,
    Faisait gaîment chanter sa flûte dans les bois.
    Maintenant riche et vieux, l'âme du passé pleine,
    D'une grande famille aïeul laborieux,
    Tandis que ses troupeaux revenaient de la plaine,
    Détaché de la terre, il contemplait les cieux.
    Le jour qui va finir vaut le jour qui commence.
    Le vieux pasteur rêvait sous cet azur si beau.
    L'océan devant lui se prolongeait, immense
    Comme l'espoir du juste aux portes du tombeau.
    O moment solennel ! les monts, la mer farouche,
    Les vents, faisaient silence et cessaient leur clameur.
    Le vieillard regardait le soleil qui se couche ;
    Le soleil regardait le vieillard qui se meurt.

    PROMENADE DANS LES ROCHERS

     

     

    Victor Hugo

     


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  • Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance


    Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,


    je coulai ma douce existence,


    Sans songer au lendemain.


    Que me servait que tant de connaissances


    A mon esprit vinssent donner l’essor,


    On n’a pas besoin des sciences,


    Lorsque l’on vit dans l’âge d’or !


    Mon coeur encore tendre et novice,


    Ne connaissait pas la noirceur,


    De la vie en cueillant les fleurs,


    Je n’en sentais pas les épines,


    Et mes caresses enfantines


    Étaient pures et sans aigreurs.


    Croyais-je, exempt de toute peine


    Que, dans notre vaste univers,


    Tous les maux sortis des enfers,

    Nous sommes loin de l’heureux temps


    Règne de Saturne et de Rhée,


    Où les vertus, les fléaux des méchants,


    Sur la terre étaient adorées,

     

    GERARD NERVAL

     

    L'ENFANCE

     

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  • SUZANNE TAMARO

     

    Seule dans sa maison, battue par le vent d'hiver, une vieille dame qui n'a plus que quelques mois à vivre, écrit à sa petite fille, mais avant de disparaître, elle souhaite resserrer les liens distendus par les aléas de la vie. Pour cela elle parle, elle raconte sa vie, son mariage de raison, la mort tragique de sa fille, et parle de l'homme qu'elle a aimé. En conclusion, elle conseille à sa petite fille qu'il ne faut pas se jeter sans réfléchir sur les routes de la vie, mais choisir ce que notre cœur nous conseille.

    Ce récit sans fioriture émeut par la simplicité de son message.

     

                                         VA OU TON COEUR TE PORTE



    Chaque fois que tu te sentiras perdue, indécise,
    Pense aux arbres, souviens toi de leur façon de pousser
    Souviens toi qu'un arbre avec beaucoup de feuillages
    et peu de racines peut être déraciné au moindre coup de vent,
    Tandis que dans un arbre avec beaucoup de racines
    et  peu de feuillages la sève court difficilement.
    Racines et feuillages  doivent pousser dans les mêmes proportions
    Tu dois être dans les choses et au-dessus,
    Ainsi seulement tu pourras offrir ombre et refuge,
    Te couvrir de fleurs et de fruits quand ce sera la saison,
    Puis quand plusieurs routes s'offriront à toi
    Et que tu ne sauras laquelle choisir,
    Ne prends  pas une au hasard,
    Mais assieds toi et attends
    Respire profondément avec confiance
    comme le jour ou tu es venue au monde,
    Sans te laisser distraire par rien,
    Attends encore et encore,
    Ne bouge pas, tais toi et écoute ton coeur
    Puis quand il te parlera, lève toi ,
    Et  va où il te porte.

    S. TAMARO


      

     

     

     


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  • Au temps où les plaines sont vertes,
    Où le ciel dore les chemins,
    Où la grâce des fleurs ouvertes
    Tente les lèvres et les mains,

    Au mois de mai, sur sa fenêtre,
    Un jeune homme avait un rosier ;
    Il y laissait les roses naître
    Sans les voir ni s’en soucier ;

    Et les femmes qui d’aventure
    Passaient près du bel arbrisseau,
    En se jouant, pour leur ceinture
    Pillaient les fleurs du jouvenceau.

    Sous leurs doigts, d’un précoce automne
    Mourait l’arbuste dévasté ;
    Il perdit toute sa couronne,
    Et la fenêtre sa gaîté ;

    Si bien qu’un jour, de porte en porte,
    Le jeune homme frappa, criant :
    « Qu’une de vous me la rapporte,
    La fleur qu’elle a prise en riant ! »

    Mais les portes demeuraient closes.
    Une à la fin pourtant s’ouvrit :
    « Ah ! Viens, dit en montrant des roses
    Une vierge qui lui sourit ;
    « Je n’ai rien pris pour ma parure ;
    Mais sauvant le dernier rameau,
    Vois ! J’en ai fait cette bouture,
    Pour te le rendre un jour plus beau.»

     La bouture : René-François SULLY PRUDHOMME  

    LA BOUTURE


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  • Si feu pape Jean Paul II a dit, lors de sa visite au Liban, que celui ci est " plus qu'un pays, c'est un message", Khalil Gibran en est l'un des plus prestigieux porteur, porteur d'un message aussi bien adogmatique que metareligieux, autant patriotique que citoyen du monde.

     

    L'orient est Orient et l'occident est Occident, jamais ils ne se rencontreront, écrivait Rudyard Kipling. Cette sombre prophétie se voit désormais refutée devant ce porteur de plume et de pinceau, au service du verbe et de l'icône, en perpétuel mouvement pendulaire entre Orient et occident., n'appartenant ni à l'un entièrement, ni à l'autre entièrement., qu'est Gibran.

     

    Au moyen d'une fine ouie que lui inspirait l'Orient et d'une subtile vision que lui illuminait l'occident, ce poête peintre a été un bâtisseur de pont entre l'Orient - autel du verbe, et l'Occident - trône de l'icône. Il est l'un des symboles réconciliateurs dans ce choc des ignorances que sévit le monde actuel, entre un Orient qui semble avoir perdu une oreille et un Occident , un œil........

     

    Khalil Gibran est l'un des pères de" l'Occidorient", l'homme de l'autre mondialisation, celle là même qui prône l'unifrication du monde fondée sur l'équilibre dans les attentes du cœur et du mental, celles de la foi et de la logique, et sur les valeurs spirituelles et les exigences technologiques modernes dans le respect de la nature.J.P.DAHDAH

     

    Gibran Khalil Gibran est un poète et peintre libanais né le6 janvier 1883 au Liban et mort le 10 avril 1931 , à New York. . Il a séjourné en Europe et passé la majeure partie de sa vie aux États-Unis.

    Publié en 1923 et composé de vingt-six textes poétiques, son recueil"Le Prophète"  est devenu particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements New Age. On a comparé Gibran à William Blacke, et il est appelé par l’écrivain Alexandre Najar " le Victor Hugo " libanais.

     

     

     

    PENSEE DE KHALIL GIBRAN SUR LES ENFANTS:

     

     

    " Vos enfants ne sont pas vos enfants.

      Ils sont les fils et les filles de la Vie qui a soif de vivre encore et encore

        Ils voient le jour à travers vous, mais non pas à partir de vous.

        Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous.

        Vous pouvez leur donner votre amour, mais non point vos pensées.

        Car ils ont leurs propres pensées.

        Vous pouvez accueillir leurs corps mais non leurs âmes.

        Car leurs âmes habitent la demeure de demain que vous ne pouvez visiter même dans vos rêves.

       Vous pouvez vous évertuer à leur ressembler,mais ne tentez pas de les rendre semblables à vous.

       Car la vie ne va pas en arrière ni ne s'attarde avec hier "..

     

     

     

    ENFANT CINQ.jpg

     

     


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