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Par sylvie06 le 1 Février 2010 à 09:25
AU HASARD DES OISEAUX
J’ai appris très tard à aimer les oiseaux
je le regrette un peu
mais maintenant tout est arrangé
on s’est compris
ils ne s’occupent pas de moi
je ne m’occupe pas d’eux
je les regarde
je les laisse faire
tous les oiseaux font de leur mieux
ils donnent l’exemple
pas l’exemple comme par exemple Monsieur Glacis
qui s’est remarquablement courageusement conduit pendant la guerre ou l’exemple du petit Paul qui était si pauvre et tellement honnête avec ça et qui est devenu plus tard le grand Paul si riche et si vieux si honorable et si affreux et si avare et si charitable et si pieux
ou par exemple cette vieille servante qui eut une vie et une mort exemplaires jamais de discussions pas ça l’ongle claquant sur la dent pas ça de discussion avec monsieur ou avec madame au sujet de cette affreuse question des salaires
non
les oiseaux donnent l’exemple
l’exemple comme il faut
exemple des oiseaux
exemple des oiseaux
exemple les plumes les ailes le vol des oiseaux
exemple le nid les voyages et les chants des oiseaux
exemple la beauté des oiseaux
exemple le cœur des oiseaux
la lumière des oiseaux.
JACQUES PREVERT
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Par sylvie06 le 19 Janvier 2010 à 21:36
A MA FILLE ADELE
Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
Ton pur sommeil était si calme et si charmant
Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ;
Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre
Du mystérieux firmament.
Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ;
Et je te regardais dormir ; et sur tes langes
J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit ;
Et je priais, veillant sur tes paupières closes ;
Et mes yeux se mouillaient de pleurs, songeant aux choses
Qui nous attendent dans la nuit.
Un jour mon tour viendra de dormir ; et ma couche,
Faite d'ombre, sera si morne et si farouche
Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau ;
Et la nuit sera noire ; alors, ô ma colombe,
Larmes, prière et fleurs, tu rendras à ma tombe
Ce que j'ai fait pour ton berceau.
VICTOR HUGO
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Par sylvie06 le 10 Janvier 2010 à 00:22
UNE NUIT QU'ON ENTENDAIT LA MER SANS LA VOIR
Quels sont ces bruits sourds ?
Ecoutez vers l'onde
Cette voix profonde
Qui pleure toujours
Et qui toujours gronde,
Quoiqu'un son plus clair
Parfois l'interrompe... -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Comme il pleut ce soir !
N'est-ce pas, mon hôte ?
Là-bas, à la côte,
Le ciel est bien noir,
La mer est bien haute !
On dirait l'hiver ;
Parfois on s'y trompe... -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Oh ! marins perdus !
Au loin, dans cette ombre
Sur la nef qui sombre,
Que de bras tendus
Vers la terre sombre !
Pas d'ancre de fer
Que le flot ne rompe. -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Nochers imprudents !
Le vent dans la voile
Déchire la toile
Comme avec les dents !
Là-haut pas d'étoile !
L'un lutte avec l'air,
L'autre est à la pompe. -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
C'est toi, c'est ton feu
Que le nocher rêve,
Quand le flot s'élève,
Chandelier que Dieu
Pose sur la grève,
Phare au rouge éclair
Que la brume estompe ! -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
VICTOR HUGO
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Par sylvie06 le 4 Janvier 2010 à 00:43
ES TU BRUNE OU BLONDE ?
Es tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus ?
Tes Yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.
Es tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur .
Fidèle, infidèle ?
Quest ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
PAUL VERLAINE
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Par sylvie06 le 26 Décembre 2009 à 20:30
SE VOIR LE PLUS POSSIBLE
Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe, ou qu'un remords nous ronge
Vivre à deux et donner son coeur à tout moment.
Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge
Faire de son amour unjour au lieu d'un songe
Et dans cette clarté respirer librement
Ainsi respirait Laure et chantait son amant..
Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême
C'est vous, la tête en fleurs, qu'on croirait sans souci
C'est vous qui me disiez qu'il faut aimer ainsi
Et c'est moi, vieil enfant du doute et du blasphème
Qui vous écoute, et pense, et vous réponds ceci :
Oui, l'on vit autrement, mais c'est ainsi qu'on aime .
ALFRED DE MUSSET
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