-
Par sylvie06 le 30 Juin 2009 à 21:00
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophelie flotte comme un grand lys.
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles
On entend dans le bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophelie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise se seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux,
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle,
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort
quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile
Un chant mysterieux tombe des astres d'or..
O pale Ophelia, belle comme la neige!
Oui t mourus, enfant, par un fleuve emporté,
C'est que les vents tombants des grands monts de Norvege
T'avaient parlé tout bas d l'âpre liberté;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits:
Que ton coeur écoutât le chant de la nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs de nuits.
C'est que la voix des mers folles, immense râle
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux.
Ciel, amour, liberté : quel rêve, ô pauvre folle!
tu te fondais à lui comme une neige au feu
Tes grandes visions étranglaient ta parole
Et l'nfini terrible effara ton oeil bleu.
Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit les fleurs que tu cueillis
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles
La blanche Ophelie flotter,comme un grand lys.
ARTHUR RIMBAUD.
9 commentaires -
Par sylvie06 le 30 Juin 2009 à 01:30
LES COULEURS DE LA VIE
Dans les couleurs de la vie,
Il y a du blanc, du noir, du gris,
Comme le peintre devant sa toile,
Peignant le jour qui se dévoile.Il y aussi le rouge de la passion,
Qui va de pair avec les pulsions,
C'est la seule qui met du piment,
Dans nos pauvres petits sentiments.Il y a du orange tel un ciel étrange,
Le soleil accueillant un ange,
Une nouvelle naissance,
Graine d'éternité ou de croyance.Il y a le jaune des amours trompés,
On est toujours le premier étonné,
Elle n'a pas bonne réputation,
Le contraire de la purification.Il y a parfois du vert à outrance,
On dit que c'est celle de l'espérance,
Comme une bouffée d'oxygène,
Devant le temps qui s'égrène.Il y a le bleu des tendres aveux,
Qu'on peut lire les yeux dans les yeux,
Qu'ils soient malicieux ou rieurs,
C'est toujours signe de bonheur.Il y a l'indigo, drôle de couleur,
Est-ce celle des prédateurs,
Des hommes voleurs d'amour,
Qui gardent et ne donnent rien en retour ?Il y a le violet qui impose le respect,
Modèle de sagesse sous tous les aspects,
Beau comme une améthyste,
Qui à travers le temps résiste.Il y a la couleur de l'âme,
C'est la seule qui se damne,
Pour prendre sa vraie couleur,
Souvent celle de la douleur.Il y a une couleur indéfinissable,
Qui vient mettre son grain de sable,
On peut la voir la nuit et le jour,
C'est la couleur de l'amour…
5 commentaires -
Par sylvie06 le 21 Juin 2009 à 01:06
Oh combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans c morne horizon se sont évanouis!
Combien ont disparu, dure et trist fortune!
Dans u ne mer sans fand, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis!
Combien de patrons morts avec leurs équipages!
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots
Nulne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots.
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues!
Vous roulez à travers les sombres étendues.
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve
Sont mort en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus.
VICTOR HUGO
5 commentaires -
Par sylvie06 le 16 Juin 2009 à 01:07
Liberté
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ces oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chque main qui se tend
J'écris ton nomSur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nomSur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommerLiberté
PAUL ELUARD
votre commentaire -
Par sylvie06 le 15 Juin 2009 à 01:32
Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
Ton pur sommeil était si calme et si charmant
Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ;
Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre
Du mystérieux firmament.Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ;
Et je te regardais dormir ; et sur tes langes
J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit ;
Et je priais, veillant sur tes paupières closes ;
Et mes yeux se mouillaient de pleurs, songeant aux choses
Qui nous attendent dans la nuit.Un jour mon tour viendra de dormir ; et ma couche,
Faite d'ombre, sera si morne et si farouche
Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau ;
Et la nuit sera noire ; alors, ô ma colombe,
Larmes, prière et fleurs, tu rendras à ma tombe
Ce que j'ai fait pour ton berceau
VICTOR HUGO
4 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique