• Qu'ont en commun Jules et Jim, Montaigne et la Boetie, Le Petit Prince et le Renard si ce n'est d'avoir rencontré un véritable ami ?
     

    Complicité, fidélité et solidarité caractérisent ce lien étonnant qui unit les hommes par delà les pays, les années et les guerres. Les grands écrivains de la littérature mondiale - La Fontaine, Zola, Camus ou Fred Uhlman - ont exploré les multiples facettes de l'amitie et décrit avec sensibilité des moments partages!


    Pour le plaisir :  Antoine de St Exupery - Le Petit Prince



    C'est alors qu'apparut le renard :


    - bonjour, dit le renard


    -bonjour, répondit poliment le petit prince,qui se retourna mais ne vit rien.

    -je suis là, dit la voix, sous le pommier


    -Qui es tu ? Dit le Petit Prince. Tu es bien joli…


    -Je suis un Renard, dit le renard


    -Viens jouer avec moi,lui proposa le Petit prince, je suis tellement triste…
    .
    -Je ne puis pas  jouer avec toi, dit le Renard, je ne suis pas apprivoisé…


    -ah, pardon ! fit le Petit prince, mais après réflexion, il ajouta:


    -Qu'est ce que signifie ” apprivoiser”


    - tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches tu?


    -Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est ce que signifie “apprivoiser”


    –les hommes, dit le renard! ils ont des fusils  et ils chassent! c'est bien gênant. Ils élèvent aussi des poules : c'est leur seul intérêt! tu cherches des poules?


    -non, dit le Petit Prince,je cherche des amis! que signifie ” apprivoiser”


    -c'est une chose trop oubliée dit le renard, çà signifie” créer des liens”


    -créer des liens ?


    -bien sur, dit le renard. T u n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.

    Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable

    à cent mille renardes. Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde, je serai pour toi unique au monde…


    -je commence à comprendre,dit le petit prince. Il y'a une fleur, je crois qu'elle m'a apprivoisé.


    -c'est possible dit le renard. On voit sur la terre toutes sortes de choses.


    -Oh ce n'est pas sur la terre,dit le petit prince


    -le Renard parut intrigué

    -Oui


    -il y'a des chasseurs sur cette planète là ?


    - non


    -ça , c'est intéressant! et des poules ?


    - Non


    -Rien n'est parfait soupira le renard

    Mais le renard revint à son idée


    “ma vie est monotone…je chasse les poules , les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent,

     et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique! eh puis regarde!!! tu vois la bas ?  les champs de blé ? je ne mange pas de pain.. Le blé pour moi ne me rappellent rien! et ça c'est triste

    .  Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi! et j'aimerai le bruit du vent dans le blé ….”

    Le renard se tut, et regarda longtemps le petit prince


    - s'il te plaît, apprivoise moi …


    - je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir,  et beauco

    up de choses à connaître.


    -On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de

     rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point des marchands d'amis,les hommes        n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise moi..


    - que faut il faire ? dit le petit prince.


    -Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe.
     Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus… Mais chaque jour,
     tu pourras t'asseoir un peu plus près.


    Le lendemain revint le petit prince.


    -Il eut mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple , à quatre heures de l'après mi
    di, dès trois heures je commencerai d'être heureux…  Plus l'heure avancera , plus je me sentirai heureux… A quatre heure déjà je m'agiterai et m'inquiéterai. ” je découvrirai le prix du bonheur! mais si tu viens n'importe quan
    d, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur, il faut des rites…..

    - - qu'est- ce qu'un rite ? Dit le petit prince


    - c'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard! c'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours,
     une heures des autres heures. Il y'a un rite, par exemple chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les fill
    es du village. Alors le jeudi est jour merveilleux; je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se  ressembleraient tous, et je n'aurai point de vacances….


    Ainsi le petit prince apprivoisa le renard; et quand l'heure du départ fut proche:


    -ah dit le renard, je pleurerai


    -c'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise.


    -bien sur ,dit le renard;


    -mais tu vas pleurer ?


    -bien sur dit le renard!


    -alors tu ne gagnes rien dit le petit prince


    -j'y gagne dit le renard, à cause de la couleur des blés…Puis il ajouta :va revoir les roses, tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.


    Le petit prince s'en fut revoir les roses:


    ” vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit il!personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous étés comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde”


    Et les roses étaient bien gênées.


    “vous etes belles, mais vous êtes vides, leur dit  il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sur
    , ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mas à elle seule, elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles.puisque  c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter ou même quelquefois se taire! puisque c'est ma rose.


    Et il revint vers le renard :


    - adieu, dit il …


    - adieu, dit le renard, voici mon secret. Il est tres simple : on ne voit bien qu'avec 
     le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.


    -l'essentiel est invisible pour les yeux, répeté le petit prince afin de se souvenir


    -c'est le temps que tu as perdu  pour ta rose, qui fait ta rose si importante.


    - c'est le temps que j'ai perdu pour ma rose, fit le petit prince, afin de se souvenir.


    -les hommes ont oublié cette vérité dit le renard,mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujo
    urs de ce que tu as apprivoisé.Tu es responsable de ta rose.


    -je suis responsable de ma rose, répeta le petit prince, afin de se souvenir.


                                                           ANTOINE DE SAINT-EXUPERY



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  • Les efforts du groupe et de l'individu naissent de la conviction du rôle de l'homme sur la terre.

    La prise en charge de l'héritage commun repose sur quelques croyances simples ; tous appartiennent à la même famille humaine, tous sont également responsables,chacun peut réagir directement à une injonction divine.

    Pour s'efforcer de traduire ces croyances en actes vis à vis de la terre,du pétrole ou des poissons marins,il ne s'agit pas nécéssairement de faire ce qui aura le pouvoir de transformer la société, mais de témoigner du respect à son prochain dans une planète saine.

    Gilbert.F.White.

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  • Pour adoucir un peu mon article précédent ....


    Le bonheur c'est dans la poche :

    Un petit voyage, une folie de fringue,  une sortie avec lui  ( elle)..... C'est fou comme on prend vite ses désirs pour des réalités...

    Aux oubliettes la facture du plombier, les coups de fil du banquier!

    Les cauchemars,tracas, idées noires, rires jaunes et sanglots longs sont priés de se faire la malle illico presto!!!

    Rien qu'une envie de bonheur, c'est si proche du bonheur! Pensez y!!




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  • L'ANENCEPHALE DE VICHY - 1897

    Le 6 juillet 1897 une jeune Vichyssoise de 16 ans donne naissance à un enfant anencéphale. Le nouveau-né souffre en effet d'une  absence totale de cerveau et de cervelet. Son crâne est plat au niveau des yeux. Cette malformation n'est pourtant pas le seul élément qui attire la curiosité et le questionnement du docteur Aimé Therre, le médecin-chef de la maternité.

    L'enfant est également hermaphrodite et réunit des traits ressemblants à ceux du singe: de singulières oreilles, de longs membres, des yeux ronds très globuleux et un thorax proche de celui du chimpanzé. Comme tout anencéphale, il meurt quelques minutes après l'accouchement.

    Le docteur émet l'hypothèse selon laquelle les anomalies physiques observées n'auraient pas été provoquées par l'absence du cerveau mais par une fécondation inédite: celle qui relèverait de l'accouplement entre la jeune femme et un singe, le seul compagnon qui partage sa roulotte.  Il trouve d'ailleurs dans la mort du singe, survenue le lendemain de l'accouchement, un argument justifiant la relation intime qu'auraient entretenue la jeune femme femme et l'animal, ce dernier n'ayant pas supporté le déchirement du départ pour la maternité. Une autre hypothèse est émise, celle de l'inceste . Le docteur a en effet observé la petite famille vivait recluse et que le seul homme que la jeune femme fréquentait était son père. L'idée est néanmoins rapidement balayée car l'examen de l'appareil génital de la patiente conclut à un état de virginité.

    La première hypothèse qui traverse l'esprit du médecin peut surprendre. Les recherches scientifiques de cette fin du XIXe siècle ont déjà mis en évidence l'impossibilité d'une hybridation entre deux espèces différentes. Le docteur Therre serait-il donc face à un cas d'hybridation naturelle unique ? Il n'exclut pas cette possibilité mais la relativise. Pour obtenir un avis extérieur,il se tourne vers le professeur Louis Bounouré, de la faculté des sciences de Strasbourg. Ce dernier réfute toute idée d'hybridation mais émet une autre explication. L'anencéphale pourrait être le résultat d'une parthénogenèse, c'est à dire d'une reproduction réalisée à partir d'un ovule non fécondé mais stimulé par un des spermatozoïdes du singe. Cette dernière hypothèse semble toute aussi erronée que la première car la parthénogenèse ne permet aucun apport paternel. Or, l'anencéphale  est hermaphrodite. Dans ce cas, les deux médecins seraient simplement face aux effets d'une malformation de l'hypophyèse, essentiellement due à l'absence de cerveau.

    Dans les quelques jours qui suivent la naissance , la jeune femme et son père quittent la ville, emportant avec eux le secret qui entoure la procréation de l'enfant mort-né. L'existence de ce cas est tue jusqu'en 1943. Au terme de sa carrière, le docteur Therre la révèle en publiant un court ouvrage intitulé  "L'anencéphale à type simiesque de la maternité de l'hopital de Vichy""...

    Aujourd'hui tout laisse à penser qu'une fécondation a bien eu lieu. Des cas d'enfants anencéphales d'une apparence proche de celui observé en 1897 ont été rencontrés et étudiés durant le xxe siècle. Les restes d'une momie masculine égyptienne  aux caractères identiques ont même été redécouverts et réexaminés en 1974. L'individu, dont la dépouille avait été retrouvée dans la nécropole souterraine de Touna el Gebel, avait été embaumé en position assise. Considéré comme un animal sacré,n il avait été enterré dans le secteur des singes consacrés au  dieu lunaire Thot.


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  • Pour éviter la violence, pour la faire cesser, il est nécessaire d'instaurer le dialogue, de mettre des mots à la place des coups. La non violence passe donc par le langage, mais quel langage? Car chacun sait combien un mot  peut déclencher la furie de l'autre, combien une phrase peut enfermer autrui  plus sûrement que des barreaux. Il ya un langage de la violence.

     C'est un langage qui juge, dévalorise, nie l'existence de l'autre, méconnaît tout émotion. Le nazi Eichman, emprisonné à Jerusalem, a dit dans sa confession, avoir utilisé le Fachsprache ou ” langage du métier” un langage niant la responsabilité. ” c'était les ordres des supérieurs, la ligne politique”. Et il ya le le langage de la non violence, celui qui écoute et respecte, celui qui reconnait l'autre, qui partage des émotions, exprime des besoins.


    Le langage de la violence est celui que nous avons tous appris, car on apprend à parler le langage de ses parents, et pour la plupart des parents d'hier c'était celui des jeux de pouvoir. Ils avaient toujours raison, et savaient mieux que nous ce qui était bon pour nous. Il va sans dire que tout ce qu'ils faisaient était pour notre bien, même lorsque cela nous faisait souffrir. Nos émotions avaient peu de poids. La colère surtout était bannie., et il était particulièrement mal venu  de se fâcher contre ses parents. Nous avons donc appris cette langue du pouvoir sur l'autre, et une fois adultes, nous avons tendance à la manier à notre tour. Sa particularité est le déni des émotions pour faire une large place au jugement.
     

    Le langage de la non-violence devra donc permettre de reconnaître et partager des émotions ainsi que d'éviter tout jugement.


    LES RACINES DE LA VIOLENCE : contrairement à une idée communément admise, la violence n'est directement liée ni à l'injustice, ni à la blessure, ni à la frustration, mais à l'impuissance à gérer ses affects devant ces situations difficiles, à exprimer ses besoins et à recevoir satisfaction. La distinction est d'importance, c'est l'IMPUISSANCE QUI PRESIDE LA VIOLENCE.

    Quand les émotions ressenties à l'occasion de la blessure, de l'injustice ou de la frustration sont exprimées et entendues, la personne qui  les subit peut restaurer son intégrité. La violence n'est pas colère, elle est l'échec de la colère.

    Quand on n'a pas la possibilité de s'affirmer, d'être entendu, de résoudre un probleme, on se sent impuissant et de plus en plus dépendant d'autrui.  A la douleur s'ajoute le ressentiment ! trop de besoins nopn satisfaits, mais surtout l'absence de pouvoir réel sur sa vie, font le lit de la violence. La haine est accumulation de sentiments d'injustice, de détresse, de frustration qui n'ont pas su trouver d'issue.


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